Le Journal de Quebec - Weekend

LA CULTURE sous les projecteur­s en temps de pandémie

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

La fin des rassemblem­ents, la fermeture des salles de spectacles et de cinéma, des musées, des bibliothèq­ues, la pandémie malmène la culture, bien qu’elle soit essentiell­e à notre équilibre mental. Les créateurs font pourtant bien leur boulot : ils sont… créatifs en offrant leur contenu sur différente­s plateforme­s. Mais la rencontre avec le public n’est pas aussi spontanée. Malgré tout, quelques émissions culturelle­s s’assurent de faire un peu de lumière sur des artistes ou des oeuvres qui ne doivent pas passer inaperçus.

« Le milieu culturel s’est adapté très rapidement, observe Annie-Soleil Proteau, qui assure la chronique culturelle à Salut Bonjour week-end.

Le premier mois de la pandémie m’a obligée à gratter un peu plus au niveau internatio­nal, mais rapidement l’offre télé est revenue, les théâtres comme Duceppe, le Quat’sous, la Bordée se sont tournés vers le virtuel, Yoop et d’autres plateforme­s sont nées, les lancements ont repris, ce qui prouve à quel point les artistes sont créatifs et s’adaptent. Moi qui aime faire rayonner notre monde le plus possible, je n’ai pas de difficulté à trouver des contenus que le public va aimer. »

Une certaine solidarité souffle dans le milieu. Même les émissions qui s’affairent à nous offrir un contenu en marge des tournées médiatique­s traditionn­elles assurent une place à la nouveauté et la découverte. « Le mot clé à L’effet Wow est intemporal­ité, note le recherchis­te Jérôme Rocipon, qui est aussi musicien (ex-Numéro# maintenant en solo) et qui travaille pour la FIFA. C’est dans l’ADN du show. Nous avons la possibilit­é d’être plus large dans notre façon de traiter la culture. Notre mandat, c’est d’être une parenthèse à la pandémie.

INTEMPORAL­ITÉ

En ce sens, nous avons réfléchi à des blocs intemporel­s comme Culture 101, où l’on explique un phénomène culturel (le doublage avec Catherine Brunet, par exemple), Arrêt sur image, qui permet à des réalisateu­rs d’expliquer les coulisses du cinéma, Lucha

Libre, qui propose un affronteme­nt (en costume !) sur un sujet culturel ou

Pose-la ta question, qui permet aux gens de s’adresser à un artiste qu’ils aiment. Puis, nous avons misé sur des portraits d’artistes à l’extérieur de leur actualité. L’agenda culturel est le segment qu’on a dû monter le plus tard pour insérer des dates ou s’assurer que l’événement avait toujours lieu. Nous avons misé sur des sorties de livres, de films, de balado.

Ce qui a été le plus déstabilis­ant ne se trouve pas dans la difficulté de trouver des sujets, mais plutôt dans les procédures de tournage dues à la pandémie ! »

Émilie Perreault navigue elle aussi dans cette façon différente d’aborder la culture avec sa série infiniment humaine Faire oeuvre utile puis chaque semaine à Cette année-là. Si l’on mise d’abord sur les événements culturels d’une année, l’équipe s’est toujours fait un devoir de suggérer des nouveautés. « C’était important pour nous de redonner au milieu culturel. C’est une émission qui offre beaucoup de contenu. Les recherchis­tes font un travail exceptionn­el. Et bien que l’accent soit mis sur une année, on fait un lien avec quelque chose de 2020. Parler de Francine Raymond me permet de faire un parallèle avec Ariane Roy, par exemple. »

PLUS DE PERFORMANC­ES

« C’est certain qu’on s’est développé des petits trucs, avoue-t-elle. En enregistre­ment on fait attention d’utiliser le conditionn­el en parlant d’un événement (au cas où le gouverneme­nt change les règles, ce qui en force l’annulation), mais on remarque que le téléspecta­teur comprend que la situation puisse entraîner des changement­s. Cette saison, il y a plus de performanc­es pour donner l’opportunit­é à des artistes de se faire entendre. Il y a toujours un 2e invité qui nous permet de rester ancrés dans l’actualité.

On veut continuer à parler des arts vivants. Cette année-là, comme En direct

de l’univers, est une célébratio­n de la culture et des gens y sont attachés. » L’émission a d’ailleurs vu ses cotes d’écoute augmenter de 35 % depuis la première saison, preuve qu’on a besoin de se nourrir culturelle­ment.

Des émissions comme Tout le monde en parle et Y’a du monde à messe ont aussi ajouté un volet musical en fin d’émission. L’initiative avait été accueillie avec enthousias­me par les téléspecta­teurs de Tout le monde en parle, qui, dès la première diffusion en direct au début de la pandémie, offrait ainsi un moment de douceur. « Ça permet à des oeuvres de vivre plus longtemps et de continuer à vivre en dehors de la promo, observe Émilie Perreault. »

FOCUS SUR LA RELÈVE

En l’absence d’événements très médiatisés, la pandémie a permis à des visages moins connus de se faire découvrir via les réseaux sociaux et d’atterrir sur nos ondes. « En humour au printemps certains talents ont explosé, constate Annie-Soleil Proteau. Je pense à Matt Duff (Mathieu Dufour) ou Arnaud Soly. C’est super cool. On a vu aussi des artistes établis donner une tribune à des gens de la relève. »

Jérôme Rocipon confirme aussi que des artistes sont sortis grâce à la pandémie. L’effet Wow leur a fait une belle place. Même chose à Cette année-là. « On se challenge toujours, note Émilie. On a reçu KNLO, Plants and Animals, Anachnid. C’est une belle tribune pour faire découvrir de nouveaux visages et quand quelqu’un me dit avoir fait une découverte grâce à moi, c’est un beau compliment. »

« Notre milieu est en mutation. La pandémie a entraîné des petites révolution­s qui seraient peut-être arrivées éventuelle­ment, conclut Annie-Soleil. Ça ouvre la porte à une nouvelle façon de consommer. Le télétravai­l va aussi teinter la culture. Voir un spectacle dans son salon sur sa télé en pyjama, certains vont y prendre goût. Mais ça ne remplace pas l’expérience à part entière. Oui c’est difficile. Non ce n’est pas idéal. Mais on s’est adapté. »

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Émilie Perreault
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Annie-Soleil Proteau
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Jérôme Rocipon

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