Le Journal de Quebec - Weekend

« JE RÉSISTE À L’IDÉE DE VIEILLIR »

– CHRISTIAN BÉGIN

- PATRICK DELISLE-CREVIER

Dans la nouvelle série Les mecs, Christian Bégin incarne un homme dont la cinquantai­ne est quelque peu survoltée. Le comédien admet que, bien qu’il ait l’âge de son personnage, il vit personnell­ement beaucoup plus sereinemen­t sa cinquième décennie de vie. Nous avons aussi discuté avec lui du temps qui passe et de son célibat.

Christian, qu’est-ce que ce rôle représente pour toi ?

C’est beaucoup de plaisir. J’ai visionné la série au complet et j’étais particuliè­rement content du résultat. Ce qui me fait plaisir, c’est que je crois que c’est une série qui va engager une conversati­on. Cette série n’a pas la prétention de dresser le portrait des hommes de 50 ans, mais plutôt celui de quatre gars de 50 ans dans un milieu bien précis, qui se retrouvent dans un moment de leur vie dans lequel ils n’arrivent pas à suivre adéquateme­nt les changement­s auxquels ils sont confrontés. Autant les changement­s physiques que ceux qui s’opèrent dans le monde. Ce sont des personnage­s qui vont se transforme­r au fil de la saison.

À quel point t’identifies-tu à ton personnage ?

C’est drôle, parce que mon personnage porte lui aussi le nom de Christian, alors que les autres personnage­s ne portent pas le prénom des comédiens qui les jouent [rires]. Je ne sais pas à quel point Jacques Davidts, l’auteur, qui est un ami dans la vie, a cru s’inspirer de moi. Mais ma vie ne ressemble pas du tout à celle de mon personnage. Il est beaucoup plus actif que moi à plusieurs égards. Mais là où on se ressemble, c’est dans la résistance à vieillir. Je me rends compte que je résiste beaucoup à cette idée. Il y a un lâcher-prise auquel je ne veux pas céder, même si je sais que je ne vais pas gagner cette bataille et que je vais continuer à vieillir. Cependant, mon personnage refuse que le monde change, alors que moi, je suis plutôt favorable aux changement­s.

Tu as 57 ans ; comment as-tu accueilli la cinquantai­ne ?

Mieux que la quarantain­e. Avoir 40 ans a été un raz-de-marée pour moi, et c’est là que j’ai mis des bombes dans ma vie. Au début, c’était même assez sombre et houleux. À 57 ans, je vais mieux dans l’ensemble de ma vie et je suis beaucoup plus paisible. C’est moins des montagnes russes et je ressens moins le besoin de monter aux barricades tout le temps. Je me suis même éloigné des réseaux sociaux parce que j’ai besoin de silence. Donc, je suis plus serein, mais pas du tout en paix avec l’idée de vieillir, car j’ai envie de faire trop de choses encore et j’ai peur de ne pas en avoir le temps. Cela dit, j’appréhende la soixantain­e, en espérant avoir une plus grande paix intérieure. Mais dans ma tête, j’ai encore 35 ans, voire 12 des fois.

Es-tu heureux ?

Oui, je pense bien. Quand on me demande comment ça va ces temps-ci, le plus souvent possible, je réponds que je vais bien. Ce sont des années de processus et de thérapie pour essayer d’être heureux. Sur un plan plus personnel, je sais qu’il y a des aspects de ma vie qui ne vont pas aussi bien que je le voudrais, mais je tente d’être en paix avec ça.

C’est-à-dire ?

Par exemple, je suis encore célibatair­e et je n’ai pas encore réussi à trouver une relation amoureuse stable. Je ne me suis pas inscrit dans une relation amoureuse stable depuis longtemps. Je n’y arrive pas, au point de me demander si la formule du couple qu’on me propose et qu’on impose est la seule façon d’avoir une vie amoureuse. Je trouve que les choses sont plus agréables à deux en général, et la perspectiv­e de vieillir seul ne m’emballe pas. J’espère que je vais trouver les outils en moi pour arriver à construire une vie à deux.

Curieux Bégin, jeudi 21 h, à Télé-Québec. Y’a du monde à messe, vendredi 20 h, à Télé-Québec. Les mecs, offert sur Tou.tv Extra.

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