Le Journal de Quebec - Weekend
VIVRE UN DEUIL COMME JEUNE ADULTE
Pendant l’écriture de son nouveau roman, L’appart des amours
perdus, la romancière Catherine Bourgault a été confrontée à une terrible épreuve. Tandis qu’elle abordait la question du deuil dans son manuscrit, son père est décédé. La période d’écriture fut chargée d’émotions et elle a souhaité, à travers cette histoire d’amour, transmettre un message d’espoir à ceux et celles qui ont traversé des deuils, peu importe leur âge.
Suite de L’appart de ma nouvelle
vie, ce roman entraîne les lecteurs dans les grandes émotions vécues par la belle Max et son amoureux, Will. Le hasard les a réunis dans un même appartement et l’attirance qu’ils ressentent est bien réelle… mais le fantôme du premier amour de Will complique les choses.
Dans ce nouveau roman, Catherine a exploré le deuil, vu par les jeunes hommes. Un sujet difficile. « Le deuil, on peut le vivre à n’importe quel âge, mais je trouve que perdre un conjoint à 50 ans n’a pas la même signification qu’à 23 ans, quand tu penses que c’est le conte de fées pour toujours et que c’est l’amour de ta vie. Tu ne vois même pas de vie possible une fois que ça s’arrête… C’est d’une tristesse, perdre un conjoint à cet âge », commente-t-elle, en entrevue.
Comme romancière, elle trouvait intéressant d’écrire la version de Max et celle de Will, au fil des événements. « Dans le premier tome, les amoureux se rencontrent. Mais dans celui-ci, ils réalisent qu’ils sont ensemble… mais que la personne décédée est encore là. »
Pour avoir discuté avec plusieurs personnes de différents âges sur ce sujet, elle a pu noter une constante : cette présence fantôme ne s’en va jamais. « La nouvelle conjointe doit vivre avec la photo de l’autre qui est décédée dans le salon. C’est ça qui est ça. La personne décédée prend tellement de place dans leur vie qu’on dirait qu’elle est encore là. »
L’année 2019 a été dure pour Catherine, qui a perdu son père en pleine écriture. « Ça a été très difficile. J’étais en plein milieu du roman. Je ne pouvais pas croire que j’étais en train d’écrire un livre sur le deuil et que je le vivais en même temps. Je pense que ça a renforcé beaucoup l’émotion des personnages parce que je vivais le deuil en même temps qu’eux. C’était déprimant, fois mille, mais je pense que ça a été bénéfique. »
COMPARER SANS CESSE
Dans le roman, Will ne cesse de comparer sa nouvelle flamme à son ancienne conjointe, Allie. « L’autre n’est plus là. À un moment donné, ça lui fait mal parce qu’il se rend compte qu’il est mieux avec la nouvelle conjointe. Ça lui fait tellement de peine de s’avouer ça qu’il a encore plus l’impression de la quitter, de la remplacer. Les amoureux sont ensemble, mais… ouf… ils ne sont pas au même endroit dans la relation. »
La romancière est d’avis qu’il doit être très difficile de dire « je t’aime » à quelqu’un d’autre quand la personne à qui on le disait est décédée. « C’est pas parce qu’elle t’a quittée, ou parce que tu ne l’aimes plus. »
Catherine ne compte pas écrire une suite à ces deux tomes, du moins à court terme, et s’est plongée dans d’autres projets traitant de sujets vraiment différents et beaucoup moins lourds. « On va sortir un tome hors série de OMG! et pendant le confinement, j’ai écrit un nouveau titre de la série
Danger!, léger et humoristique. Il va sortir en mars. »