La télé peut être un jeu si simple
Vous rappelez-vous le feu de cheminée qui marquait la fin des émissions à Télévision Quatre-Saisons, devenue TQS par la suite et finalement V ? L’idée n’était pas de moi, mais de Paul Chamberland, qui l’avait imposée d’autorité à mon corps défendant. Des milliers et des milliers de téléspectateurs en ont fait des gorges chaudes durant des années. En fait, jusqu’à ce que le feu s’éteigne…
Au début de l’été, pendant mon séjour en Norvège, j’ai posé mille et une questions sur la télévision qu’on peut y voir. Même si le pays est archi riche de son pétrole, il compte à peine les deux tiers de la population du Québec. Je me disais donc qu’on ne devait avoir qu’un réseau de télé, deux tout au plus. Erreur! On en compte cinq, dont trois chaînes publiques. Privé ou public, aucun réseau ne peut diffuser de publicité s’adressant aux enfants ou de messages politiques.
Les Norvégiens sont des gens pacifiques, affables, courtois et sportifs. Des gens de plein air malgré le froid intense et, surtout, les rares heures de lumière de l’hiver. Ce pays de montagnes et de fjords offre des paysages à couper le souffle. Les plus beaux du monde. En tout cas, les plus beaux que j’ai vus, même si j’ai parcouru tous les continents sauf l’Amérique du Sud.
En Norvège,
le feu de cheminée de TQS brûlerait
encore…
DES TÉLÉSPECTATEURS BIEN DIFFÉRENTS
Est-ce cette topographie d’exception qui fait des Norvégiens des téléspectateurs contemplatifs ne ressemblant à nuls autres? En 2009, le directeur des programmes de NRK, une chaîne publique, a pensé installer une caméra sur le capot d’une locomotive faisant le trajet entre Oslo, la capitale, et Bergen, pittoresque ville de la côte ouest. La diffusion a duré sept heures et obtenu un succès d’écoute inespéré.
Fort de cette réussite, NRK a présenté deux ans plus tard une émission spéciale de 134 heures. Cette fois, on avait installé une caméra sur la partie la plus élevée de la proue d’un traversier faisant la navette dans les fjords entre des dizaines de villes et de villages. Toutes proportions gardées, même La Voix n’a pas eu au Québec autant d’écoute. Deux millions et demi de spectateurs, soit la moitié de la population, ont regardé l’émission au moins durant plusieurs heures. Je comprends très bien leur fascination pour ce périple marin parce qu’en sept jours de croisière dans les fjords, j’ai passé au moins 30 à 40 heures sur ma véranda à contempler béatement des paysages fabuleux.
Depuis, NRK ne cesse de plancher sur d’autres concepts tout aussi «flyés». En principe, la prochaine émission spéciale consistera à braquer des caméras sur des femmes, expertes du tricot, tricotant de longues écharpes en utilisant divers types de mailles!
Si on avait lancé TQS en Norvège plutôt qu’au Québec, le feu de cheminée ne se serait peut-être jamais éteint!
BYE BYE VERIZON!
Dans ma chronique du 22 août, j’avais écrit douter sérieusement de l’intérêt réel de Verizon, le géant américain du sans fil, pour un aussi petit marché que le nôtre. Rogers, Bell et Telus, qui avaient une peur bleue de Verizon, ont dû retrouver le sommeil. Non seulement Verizon va payer 130 milliards US$ à Vodafone pour prendre l’entier contrôle de Verizon Wireless, mais la direction a déclaré n’avoir aucun désir de s’implanter au Canada.
Le marché est trop restreint et la réglementation bien trop compliquée.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
À entendre et lire les commentaires, les valeurs québécoises ne s’imposeront pas sans bourse délier; chacun devra y mettre du sien.