Le Canadien n’ira pas loin
Autrement dit, ils ne participeront pas aux séries éliminatoires
L ’été est fini. C’est le tournoi de golf du Canadien qui nous prévient que le fun est terminé. Que les choses importantes sont arrivées. Les Glorieux sont en ville et les sujets de conversation changent invariablement.
La question la plus posée depuis trois jours au Costco et au Canadian Tire à JeanMarc est toujours la même: «Pensez-vous qu’on va aller loin cette année?»
Quand je réponds que c’est fort probable qu’on s’en va à Sotchi, les gens ne comprennent pas mon humour. Ils veulent savoir si le Canadien «va aller loin», le reste, c’est pas important.
Je souris et je me reprends: «Honnêtement, je ne suis pas certain.» En fait, je suis presque certain que le Canadien n’ira pas loin du tout. Autrement dit, en langage de hockey, ils ne participeront pas aux séries éliminatoires en avril prochain.
J’ai analysé les équipes en lice dans l’Est. Vous avez vu les nouvelles divisions? Pensezvous que le Canadien va se faufiler parmi les trois meilleures équipes dans l’Atlantique? Devant les Red Wings de Detroit, devant les Bruins de Boston? Devant les Sénateurs d’Ottawa? Devant les Leafs, même pas certain.
Dans l’autre division, c’est encore plus épeurant. On parle des Penguins de Pittsburgh, des Capitals de Washington, des Rangers de New York, des Islanders, des Flyers de Philadelphie… sans oublier les Sabres de Buffalo dans l’Atlantique.
LE SUCCÈS TROMPEUR…
Si on pouvait se fier à la dernière mini-saison, on pourrait être beaucoup plus confiant.
Mais justement, il suffit d’analyser le dernier mois du calendrier de 2013 en incluant les matchs éliminatoires contre les Sénateurs d’Ottawa pour conclure que dans une saison de 82 matchs, le Canadien n’aurait sans doute pas participé aux séries.
L’équipe était vidée après 30 matchs. D’ailleurs, Michel Therrien l’a confié à des amis pendant l’été, ses joueurs étaient blessés et diminués dans les dernières semaines. Trop petits, trop frappés.
Ça ne veut pas dire que le Canadien ne forme pas une bonne petite équipe. Devant le but, Carey Price assure son coach d’une présence de qualité soir après soir. Sauf qu’il semble incapable de hisser son jeu d’un cran quand la situation l’exige. On l’a encore vu la saison dernière.
En défense, P.K. Subban est talentueux. Gagnant du trophée Norris, il peut se vanter d’être le meilleur de la profession dans la Ligue nationale. Mais c’est Andreï Markov qui fait la différence. On ne peut pas espérer se classer dans les séries avec un seul défenseur vraiment talentueux. L’an dernier, Markov a cassé dans le dernier mois. Il ne sera pas plus jeune cette année.
ET LA ROBUSTESSE ?
Quand Michel Therrien se plaint que ses joueurs sont trop petits, ce n’est pas en ajoutant George Parros à l’alignement que Marc Bergevin lui donne plus de poids à l’attaque. Parros va sans doute se battre une bonne trentaine de fois cette saison, pis après? Ça change quoi? La vraie acquisition du Canadien, Daniel Brière, 35 ans, ne grandira pas de six pouces!
Par ailleurs, Douglas Murray n’est pas le maladroit costaud que certains ont décrit. Il n’est pas le plus raffiné des patineurs, mais on a déjà vu Hal Gill sortir les Penguins des séries en accrochant continuellement devant le but de Jaroslav Halak.
Il y a des points positifs. Le Canadien, à force de terminer dans les sous-sols du classement, a mis la main sur des joueurs talentueux. Alex Galchenyuk aura pris de la maturité. Brendon Gallagher n’aura pas moins de coeur.
Quant à Michel Therrien, celui qui fut la véritable étoile du Canadien la saison dernière, il ne pourra pas compter sur cet élément de fraîcheur qu’il a apporté à l’équipe en février dernier. Son discours ne sera déjà plus aussi neuf. Je suis convaincu que ses Glorieux ne prendront pas par surprise leurs adversaires comme ce fut le cas lors de la mini-saison. Tout le monde va être prêt en même temps au signal du départ.
C’est pour ça que vos chouchous pourraient peut-être terminer huitièmes dans leur association. Peut-être. Si tout va bien. Honnêtement, je pense plutôt qu’ils n’arriveront pas à la terre promise.
Et si je me trompe, tant mieux pour Geoff Molson et pour le Journal. On travaillera plus fort et plus longtemps. Comme les joueurs.