Le Journal de Quebec

Bras de fer en vue entre le ministre Barrette et les médecins

- RÉGYS CARON Bureau parlementa­ire

Le conflit larvé opposant les médecins spécialist­es au ministre de la Santé, Gaétan Barrette, au sujet du projet de loi 20 tourne à l’affronteme­nt.

De passage en commission parlementa­ire hier, la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ) a donné la dimension de l’écart qui la sépare du ministre, qualifiant son projet de loi 20 de «méprisant et de matraque».

Le ton des échanges était glacial, les répliques cinglantes.

«Nous espérons que la consultati­on sur le projet de loi 20 ne se terminera pas par un bâillon comme ce fut le cas pour le projet de loi 10», a assené la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur.

La propositio­n vise à améliorer l’accessibil­ité aux soins médicaux en imposant des quotas de patients aux médecins sous peine de pénalités financière­s.

«Le projet de loi 20 n’apporte rien aux patients. Il ajoute une couche de méfiance envers le ministre de la Santé à celle laissée avec le projet de loi 10 (abo-lissant les agences régionales de la Santé)», a scandé Diane Francoeur.

Pendant tout l’échange avec la présidente de la FMSQ, le ministre de la Santé a martelé la même question à savoir si elle consentait à ce que les médecins généralist­es sortent des hôpitaux pour concen- trer toute leur pratique en cabinet, laissant ainsi toute la place aux spécialist­es.

«Ça pourrait se faire de façon progressiv­e (...) Si vous voulez interdire aux généralist­es de pratiquer dans les hôpitaux, on ne sera pas capables de rencontrer les quotas que vous voulez nous imposer», a répondu la présidente avant de reprocher au ministre de «jouer au chat et à la souris».

Plus d’argent ?

Gaétan Barrette a dit avoir compris de la présidente que «les médecins spécialist­es sont prêts à prendre la place des médecins de famille à l’hôpital (...) Je trouve ça hallucinan­t. C’est la première fois de ma vie profession­nelle que j’entends un médecin spécialist­e dire: il n’y a pas de problème si les médecins de famille s’en vont des hôpitaux».

Selon M. Barrette, la FMSQ a ainsi pris position pour négocier de meilleurs honoraires. «Il n’y aura pas d’argent supplément­aire», a prévenu le ministre.

Selon Diane Francoeur, le ministre Barrette tente de dresser les médecins spécialist­es contre les omnipratic­iens.

«Je n’embarque pas là-dedans. Depuis que Gaétan Barrette a quitté la Fédération, les relations ave c la Fédération des médecins omnipratic­iens sont excellente­s. Nous allons travailler ensemble pour régler les problèmes de la santé.»

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