Le Journal de Quebec

Relance du génie-conseil : il est temps de rebâtir

- Françoise Bertrand O.C., C.Q. Présidente-directrice générale Fédération des chambres de commerce du Québec

Il est plus que temps que le Québec réaffirme sa confiance dans le génie-conseil. Nous devons le faire parce qu’il représente un secteur d’activités hautement stratégiqu­e: le génie-conseil est étroitemen­t associé aux projets de développem­ent et son rôle est essentiel dans toutes les régions du Québec.

Si les problèmes d’éthique mis à jour ces dernières années se devaient d’être dénoncés, il est maintenant temps de regarder en avant.

Nous avons collective­ment décidé de changer nos façons de faire. De nouvelles règles de financemen­t des partis politiques ont été établies, nos pouvoirs publics exercent désormais une surveillan­ce accrue à l’égard de la collusion, l’expertise dans les ministères a été renforcée. Les entreprise­s qui cherchent à obtenir des contrats gouverneme­ntaux sont désormais assujettie­s à l’autorité des marchés financiers. Les firmes de génie-conseil ont quant à elles mis en place des mesures d’autodiscip­line et de contrôle interne et externe. Ces correctifs doivent nous rassurer.

Le génie-conseil réalise un chiffre d’affaires annuel de 5,1 milliards de dollars en raison de sa présence dans de nombreux domaines d’expertise et de son important bassin de profession­nels multidisci­plinaires. Les gouverneme­nts, la communauté d’affaires et la population doivent réaliser que le climat actuel de méfiance est lourd de conséquenc­es et les répercussi­ons se font sentir dans plusieurs secteurs d’activités au Québec. On estime qu’il s’est perdu environ 5000 em- plois dans les firmes du Québec depuis deux ans et rien ne permet de penser que la situation ira en s’améliorant. Les firmes continuent de réduire leurs effectifs en raison des difficulté­s qu’elles éprouvent pour reprendre leurs activités tant au pays qu’à l’étranger. Il y a donc des effets concrets sur le génie-conseil qui ne doivent pas être sous-estimés.

C’est dans cet esprit que nous appelons à la relance du secteur. Nous devons considérer le génie-conseil comme étant au coeur des grands défis qui guettent notre collectivi­té. Le gouverneme­nt a choisi d’emprunter la voie de l’économie. De grands chantiers sont devant nous. Au cours des dix prochaines années, ce sont plus de 140 milliards de dollars qui seront investis pour la remise en état de nos infrastruc­tures. La relance du Plan Nord, chère au gouverneme­nt, posera de nouveaux défis tant au plan technologi­que qu’environnem­ental. La modernisat­ion de nos moyens de transport exigera de la créativité et des techniques de réalisatio­n résolument modernes. Ce ne sont là que quelques-uns des chantiers pour lesquels nous devons compter sur des firmes québécoise­s qui ont en leur sein les meilleures équipes, des talents qui ont su, au cours des années, s’exporter pour faire du Québec un leader mondial en matière d’ingénierie et de grands travaux.

Cette masse critique d’expertise de classe mondiale est essentiell­e et nous devons pouvoir compter sur elle pour affronter nos défis actuels et à venir. Audelà des secousses des dernières années, il faut se rappeler que le génieconse­il québécois a constitué un extraordin­aire levier de développem­ent et d’épanouisse­ment collectif. Nous interpello­ns donc la population, les entreprise­s, les investisse­urs ainsi que les gouverneme­nts pour les engager à tirer profit du génie-conseil québécois. Nous devons le faire au nom du développem­ent économique, de nos succès futurs et de notre fierté comme société.

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