Bienvenue à L’USD, le pénitencier des pires criminels au pays
L’unité spéciale de détention (USD), à Sainte-anne-des-plaines, renferme les criminels les plus dangereux du pays. Au pénitencier «le plus intense» au Canada, la survie passe par un climat de violence impitoyable.
C’est ce que 13 prisonniers du seul «super-max» au pays ont affirmé lors d’entrevues inédites que la criminologue Trina Phillips présente dans son récent mémoire de maîtrise, intitulé «À l’intérieur des murs: comprendre la violence en milieu carcéral à partir du point de vue d’hommes incarcérés à l’unité spéciale de détention».
Ces détenus incarcérés pour meurtre et autres crimes violents y affirment que L’USD est «l’endroit qui a la plus forte concentration d’individus dangereux» dans tout le système carcéral canadien.
Une étiquette dont «ils croient [qu’il est] quasi impossible de se défaire».
LES « PIRES DES PIRES »
Selon l es parti c i pants à l ’ étude, i l s’agit du pénitencier «le plus intense où purger sa peine au Canada» en raison de la dangerosité des détenus et de «la mentalité de l’environnement», ajoute la diplômée de l’université de Montréal.
«On est supposés être les pires des pires détenus au pays, a dit Eddy [nom fictif], un prisonnier originaire des Maritimes condamné pour meurtre. Ici, si j’ai une raison pour te mettre mon poing au visage, aussi bien te poignarder à la place. On va régler ça une fois pour toutes et éviter que tu viennes me poignarder dans le dos le lendemain.»
Ils utilisent donc «des gestes de violence plus graves que dans des établissements à sécurité moindre», ajoute l’auteure dans son ouvrage de 167 pages.
ARMES ET PROTECTION
Ces détenus – trans férésàl’ USD après avoir attaqué des codétenus ou des membres du personnel correctionnel dans d’autres pénitenciers – estiment qu’il faut «adapter le niveau de violence utilisé pour limiter les chances d’attaque ou de contre-attaque d’un adversaire».
Ainsi, «plusieurs diront s’armer davantage à L’USD qu’en maximum régulier en raison de la dangerosité des détenus qu’elle abrite». Le port d’arme est considéré comme «nécessaire pour se protéger».
Ils seraient nombreux à dissimuler un pic artisanal sur eux en allant dans les salles communes ou la cour extérieure. Un autre dit utiliser des magazines sous ses vêtements comme bouclier afin de se protéger contre la possibilité d’une attaque à l’arme blanche.
ÉTAT D’ALERTE CONSTANTE
Un répondant a comparé la vie carcérale à L’USD au vécu des soldats en temps de guerre.
«L’incarcération crée des sentiments d’anxiété et de crainte forçant les détenus à se trouve renétat d’ alerte constante afin d’évaluer leurs chances de survie», écrit la criminologue.
Elle rapporte que «l’excitation est notable dans leur ton de voix» quand les répondants ont relaté leur implication dans des actes violents. Et ce, même si «près de la moitié des détenus rencontrés affirment ne pas aimer faire usage de violence».
RÈGLES DU MILIEU
Dominés par «la loi du plus fort», les détenus de L’USD se donnent quand même des règles à suivre.
«Les règles de conduite telles que la loi du silence, honorer ses dettes, la loyauté, respecter sa parole et ne pas s’exploiter entre détenus sont largement décrites par nos interlocuteurs», précise Trina Phillips.
Selon les bagnards interrogés, les détenus dont le délit à l’origine de leur peine i mpli qu e une agression contre une femme ou des enfants sont «automatiquement considérés comme déshonorables». Ils se retrouvent confinés dans un secteur de «protection» et confinés dans leur cellule 23 heures sur 24.
CRIME ORGANISÉ
Les leaders de groupes criminalisés comme les Hells Angels, la mafia ou les gangs de rue, ainsi que les membres du comité des détenus, sont considérés comme les «têtes dirigeantes» des secteurs de «population» générale.
«Certains détenus sont prêts à tout pour prouver leur valeur auprès de ces groupes […], allant même jusqu’à faire usage de violence, si cela est requis.»
Surtout les jeunes prisonniers, «avides de se procurer un statut et de la reconnaissance dans l’univers carcéral». De façon générale, les détenus interrogés ont déclaré entretenir des «interactions hostiles» avec les agents correctionnels, tout en ressentant de la méfiance à l’endroit des agents de libération conditionnelle et des psychologues qui évaluent leur cas.