Les gais, les femmes et le pape François
Toute une Brèche dans l’image d’ouverture À la modernité que projetait jusqu’à présent le pape François!
Alors qu’il déclarait en 2013 ne pas juger une personne gaie «cherchant le Seigneur avec bonne volonté», le Vatican refuserait, selon le quotidien Libération, de valider la nomination d’un homosexuel au poste d’ambassadeur de France auprès du Saint-siège. Brillant énarque et catholique fervent, Laurent Stéfanini serait pourtant réputé pour son professionnalisme.
CHANGEMENTS SUPERFICIELS
Si ce refus d’un ambassadeur homosexuel français devait être maintenu, cela confirmerait que le progressisme du pape François en est un en partie de façade, comme certaines indications le laissent d’ailleurs penser depuis son élection.
Je ne cache pas pour ma part que, contrairement à plusieurs, je n’ai pas accueilli son arrivée avec enthousiasme. Son nom tout d’abord, qu’il avait choisi en référence à ce saint ultrapopulaire qu’est François d’assise, me paraissait un peu trop racoleur, tout sauf modeste.
Le pape François a vite proclamé, de façon «rafraîchissante», selon la formulation consacrée de médias aussi avides de nouveautés que de superficiels, qu’il serait proche, LUI, du monde ordinaire: ce qui laissait entendre que ses prédécesseurs ne l’étaient pas…
Le nouveau pape n’habiterait pas, lui, dans les ors du Vatican; il ne porterait pas les habits traditionnels du pape. Il ne laisserait pas, lui, la réactionnaire Curie romaine le contrôler. La révolution, quoi! Ou presque… C’était cependant une révolution de surface, si on se souvient que le nouveau pape a immédiatement exclu de procéder à la réforme de loin la plus signifiante et la plus importante qu’il lui aurait été possible de faire, un changement dont l’église a désespérément besoin en ce troisième millénaire.
FEMMES INFÉRIEURES
Il n’était pas question de permettre aux femmes d’accéder à la prêtrise. Ce pape censé être progressiste a confirmé dans leur statut d’inférieures ces femmes qui assurent pourtant dans les faits la plupart des fonctions liées au culte catholique.
Au lieu des changements cosmétiques salués par les médias, il aurait été préférable que le pape François bouge sur ce point fondamental. Quitte à continuer à se promener dans sa Sedia gestatoria dorée avec les grands éventails et tout le reste, comme Pie XII, statufié à l’époque dans sa splendeur!
Faute de quelqu’un ouvrant la prêtrise aux femmes, je préfère tout compte fait les conservateurs qui s’assument. Comme le cardinal Jean-claude Turcotte qui vient de nous quitter, quelqu’un de véritablement proche du peuple qui ne craignait pas d’affirmer son refus de l’avortement.
De même, j’ai beaucoup admiré JeanPaul II, dont le rôle dans l’effondrement du bloc soviétique fut majeur, véritablement historique. Sans parler de sa fin admirable d’un point de vue spirituel, alors qu’il obligea l’humanité à regarder en face pendant des semaines ce qu’elle refuse de voir: la souffrance indissociable de toute vie, cette mort vers laquelle nous allons tous.
Si ce refus d’un ambassadeur homosexuel français devait être maintenu, cela confirmerait que le progressisme du pape François en est un de façade.