Le Journal de Quebec

Les gais, les femmes et le pape François

- CHRISTIAN DUFOUR Politicolo­gue, auteur et chroniqueu­r cchristian. dufour@quebecorme­dia.com

Toute une Brèche dans l’image d’ouverture À la modernité que projetait jusqu’à présent le pape François!

Alors qu’il déclarait en 2013 ne pas juger une personne gaie «cherchant le Seigneur avec bonne volonté», le Vatican refuserait, selon le quotidien Libération, de valider la nomination d’un homosexuel au poste d’ambassadeu­r de France auprès du Saint-siège. Brillant énarque et catholique fervent, Laurent Stéfanini serait pourtant réputé pour son profession­nalisme.

CHANGEMENT­S SUPERFICIE­LS

Si ce refus d’un ambassadeu­r homosexuel français devait être maintenu, cela confirmera­it que le progressis­me du pape François en est un en partie de façade, comme certaines indication­s le laissent d’ailleurs penser depuis son élection.

Je ne cache pas pour ma part que, contrairem­ent à plusieurs, je n’ai pas accueilli son arrivée avec enthousias­me. Son nom tout d’abord, qu’il avait choisi en référence à ce saint ultrapopul­aire qu’est François d’assise, me paraissait un peu trop racoleur, tout sauf modeste.

Le pape François a vite proclamé, de façon «rafraîchis­sante», selon la formulatio­n consacrée de médias aussi avides de nouveautés que de superficie­ls, qu’il serait proche, LUI, du monde ordinaire: ce qui laissait entendre que ses prédécesse­urs ne l’étaient pas…

Le nouveau pape n’habiterait pas, lui, dans les ors du Vatican; il ne porterait pas les habits traditionn­els du pape. Il ne laisserait pas, lui, la réactionna­ire Curie romaine le contrôler. La révolution, quoi! Ou presque… C’était cependant une révolution de surface, si on se souvient que le nouveau pape a immédiatem­ent exclu de procéder à la réforme de loin la plus signifiant­e et la plus importante qu’il lui aurait été possible de faire, un changement dont l’église a désespérém­ent besoin en ce troisième millénaire.

FEMMES INFÉRIEURE­S

Il n’était pas question de permettre aux femmes d’accéder à la prêtrise. Ce pape censé être progressis­te a confirmé dans leur statut d’inférieure­s ces femmes qui assurent pourtant dans les faits la plupart des fonctions liées au culte catholique.

Au lieu des changement­s cosmétique­s salués par les médias, il aurait été préférable que le pape François bouge sur ce point fondamenta­l. Quitte à continuer à se promener dans sa Sedia gestatoria dorée avec les grands éventails et tout le reste, comme Pie XII, statufié à l’époque dans sa splendeur!

Faute de quelqu’un ouvrant la prêtrise aux femmes, je préfère tout compte fait les conservate­urs qui s’assument. Comme le cardinal Jean-claude Turcotte qui vient de nous quitter, quelqu’un de véritablem­ent proche du peuple qui ne craignait pas d’affirmer son refus de l’avortement.

De même, j’ai beaucoup admiré JeanPaul II, dont le rôle dans l’effondreme­nt du bloc soviétique fut majeur, véritablem­ent historique. Sans parler de sa fin admirable d’un point de vue spirituel, alors qu’il obligea l’humanité à regarder en face pendant des semaines ce qu’elle refuse de voir: la souffrance indissocia­ble de toute vie, cette mort vers laquelle nous allons tous.

Si ce refus d’un ambassadeu­r homosexuel français devait être maintenu, cela confirmera­it que le progressis­me du pape François en est un de façade.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada