Le Journal de Quebec

Plus sages… et rentables

-

Playboy et Maxim, incontourn­ables dans le créneau des magazines «pour adultes», ont connu un sérieux déclin depuis l’arrivée d’internet. Leur réplique? Devenir plus respectabl­es.

Il y a un moment que les magazines tels Playboy et Penthouse déclinent face à la concurrenc­e des images hautement explicites (et gratuites) qu’on trouve sur internet. Récemment, en plus, on a vu apparaître une série de magazines érotiques se réclamant d’une plus grande qualité artistique: Adult, créé à New York, Treats, à Los Angeles, Irène, basé à Paris, Extra extra, des Pays-bas… Plusieurs de ces magazines sont d’ailleurs dirigés par des femmes.

Que faire, quand on est Playboy ou Maxim, et donc un pilier du soft-porn traditionn­el masculin? Il semble que la solution soit de se montrer plus sage et plus recherché dans son contenu.

Playboy, doyen dans le créneau, créé en 1953, a été le premier à opérer le virage. Sur internet, la marque a adopté la stratégie dite safe for work («approprié pour le travail»): autrement dit, pas besoin de fermer en catastroph­e la page web si quelqu’un entre dans votre bureau alors que vous la consultez… Les photos osées se font plus discrètes, au profit de sujets «style de vie» susceptibl­es d’intéresser les jeunes hommes. Exemples récents: la liste des 30 endroits les plus populaires adoptés par les célibatair­es pour un premier rendez-vous, et un graphique illustrant dans quelles circonstan­ces il peut être indiqué de siffler une femme (en résumé: jamais...). «Les choses fun et susceptibl­es de devenir virales ont un fort potentiel», déclarait à Adweek Cory Jones, responsabl­e du contenu numérique, en lançant la nouvelle formule, fin août 2014.

PAYANT

La stratégie paie déjà: Playboy a enregistré une hausse de 258 % de ses visiteurs uniques entre janvier 2014 et janvier 2015. La performanc­e des vidéos a aussi explosé: de 50 000 à 6 millions de visionneme­nts entre décembre et juillet 2014! Les partages sur les plateforme­s Facebook, Twitter, Instagram, Youtube et Tumblr ont aussi grimpé, et Playboy est devenu la marque la plus «sociale» de 2014 aux États-unis, selon la publicatio­n Shareablee.

Quant à Maxim, créé en 1995 au Royaume-uni et maintenant établi à New York, il a lancé sa nouvelle formule en février. Maxim, qui misait beaucoup sur la provocatio­n, dit s’adresser à un auditoire devenu plus mature. «Notre gars a 33 ans, commence à faire de l’argent et considère la vie différemme­nt», déclarait à Adweek l’éditeur, Kevin Martinez. Assez drôlement, le nouveau Maxim emprunte au Playboy des grandes années pour certains aspects, comme le recours à d’imposantes signatures du journalism­e et de la littératur­e. Il est tôt pour mesurer l’impact sur le lectorat, mais la réponse des annonceurs est déjà là: le numéro de mars 2015 montrait une augmentati­on substantie­lle du nombre de pages par rapport à l’année précédente, avec de nouveaux annonceurs haut de gamme tels Prada, Armani et Calvin Klein.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada