Le Journal de Quebec

Il faut apprendre à réfléchir avant d’agir!

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J’ai vécu à peu près le même scénario que celle qui signait A.B. ce matin dans votre Courrier. Rendue à 48 ans, je vivais depuis 15 ans en concubinag­e avec un homme de 20 ans mon aîné avec qui j’avais eu une fille. Comme elle encore, cet homme avait été mon patron et avait quitté sa femme et ses trois enfants pour moi parce qu’on s’aimait à la folie.

Mais comme ça arrive souvent dans les couples où la différence d’âge est grande, je me suis de plus en plus éloignée de mon homme au fur et à mesure que je franchissa­is des échelons dans ma carrière et que lui faisait le choix de diminuer ses activités profession­nelles pour jouir de la présence de notre fille et rattraper le temps perdu avec les enfants de son premier mariage ainsi que ses petits-enfants. Autrement dit, pendant que lui s’humanisait, moi je m’accrochais de plus en plus à la gloire et à l’argent au point de me brouiller complèteme­nt la vue et le coeur.

Peu à peu je me suis mise à ne plus aimer mon homme, à le trouver trop vieux pour moi, trop pépère, trop casanier, trop bedonnant, trop tout et pas assez quoi! Puis un jour, en la personne d’un jeune profession­nel de 38 ans qui brillait de mille feux dans mon entourage, l’amour est réapparu dans ma vie. Folle comme une adolescent­e je me suis jetée dans ses bras et j’ai quitté le père de ma fille.

Ce fut un choc terrible pour lui car il ne s’y attendait pas lui qui m’aimait comme au premier jour, mais il a assumé en demandant la garde partagée de notre fille. Prise par ma passion et heureuse d’être totalement libre une semaine sur deux, je n’ai pas vu le piège dans lequel je me jetais moi-même.

Et bien vois-tu A.B., je me retrouve à 60 ans, seule, parce que mon grand amour m’a quittée il y a deux ans pour une plus jeune, et que ma fille qui se sentait plus en confiance avec son père avait choisi à l’âge de 16 ans, quatre ans après notre séparation, alors que je m’absentais fréquemmen­t pour mes travail et mes loisirs, d’aller vivre à plein temps avec lui. Mon monde s’effondrait. Je n’avais plus de repaires. Ma fille maintenant âgée de 24 ans est une étudiante autonome financière­ment à cause de son père et n’a plus besoin de moi. Mes chances de récupérer ce dernier sont nulles puisqu’il est retourné vivre depuis trois ans avec sa première femme qui ne l’avait jamais oublié et que tout ça a resoudé la famille, incluant ma fille.

Penses-y à deux fois A.B. avant de quitter ton homme. Pareil avec ton idée de prendre des amants. À ta place, je suivrais le conseil de Louise et je me précipiter­ais chez un psychologu­e ou un thérapeute pour fouiller les vraies raisons de ton désir de fuir ta vie actuelle. À 60 ans, je te le dis, ce sera trop tard.

Il faut apprendre à aimer quelqu’un et non pas aimer l’amour

Dans la vie, il n’est jamais trop tard pour se faire du bien à soi. Bien sûr il vous faut oublier l’idée de retourner à la case départ d’il y a 12 ans quand vous avez succombé aux pièges de l’amour, mais il y a d’autres horizons à explorer pour vous refaire une santé émotive et morale. Ne serait-ce qu’en envisagean­t de faire ce que vous avez apprécié dans les conseils donnés A.B. : soit d’entreprend­re une thérapie.

Il y a des étapes de vie qui sont plus difficiles à franchir que d’autres parce qu’elles nous forcent à nous confronter à nos vieux démons ou encore à nos tares, appelez-ça comme vous voudrez. Mais l’important est de ne jamais stagner en zone trouble.

Pensée du jour Le succès en ce monde dépend plus de la prudence que de la bonne ou mauvaise fortune.

– Maria Edgerworth

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