Le Journal de Quebec

La fin d’une trilogie qui a conquis la planète

En écrivant sa première trilogie, la NewYorkais­e Kass Morgan a remporté un succès monstre: ici comme ailleurs, Les 100 est devenu l’une des principale­s séries cultes de l’heure.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Si on a passé l’âgedes romans s’adressant aux jeunes adultes ou si on n’aime pas trop les dystopies à la Hunger Games parce qu’elles nous confronten­t systématiq­uement à un futur se conjuguant au moins-que-parfait, on n’a peut-être encore jamais entendu parler des 100, une trilogie qui a récemment été adaptée au petit écran par les producteur­s de Journal d’un vampire et de Gossip Girl.

Mais comme la sortie de son troisième tome coïncide, à quelques jours près, avec la diffusion du dernier épisode de la première saison de cette télésérie (le 15 avril, sur les ondes de Vrak TV), on s’est dit que le moment était particuliè­rement bien choisi pour interviewe­r Kass Morgan, l’auteure de cette saga postapocal­yptique qui a déjà fait des millions d’accros des deux côtés de l’atlantique.

un best-seller sur commande

Contrairem­ent à quantité d’écrivains, qui ont galéré pendant des années – voire des décennies! – avant de se tailler une place au soleil, Kass Morgan a tout de suite été appelée à un brillant avenir: après avoir étudié à Oxford et à Brown, elle a rapidement été engagée dans une maison new-yorkaise publiant essentiell­ement des oeuvres jeunesse.

«C’est une catégorie de romans que j’ai toujours aimée, parce que les livres qu’on lit à l’aube de l’adolescenc­e deviennent ensuite très souvent des amis pour la vie, confie-t-elle d’emblée. À l’âge de 11 ans, grâce à un garçon de ma classe, j’ai moi-même été marquée par La Stratégie Ender. Ce roman de science-fiction m’a ouvert les portes d’un tout nouvel univers et par la suite, je suis tombée en amour avec les classiques du genre, comme 1984 ou Fahrenheit 451. »

Kass Morgan étant du coup aussi ferrée en littératur­e jeunesse qu’en science-fiction, une éditrice l’a donc approchée avec une idée bien précise en tête. «Elle m’a en effet proposé d’écrire une série dans laquelle 100 criminels adolescent­s seraient en- voyés sur Terre, une planète inhabitée depuis des siècles à cause de la guerre nucléaire qui l’a jadis dévastée. J’ai accepté de relever le défi, en croyant que mes huit années d’expérience dans le milieu de l’édition allaient sûrement grandement me faciliter la tâche. Mais une fois devant mon ordinateur, je n’ai pas tardé à réaliser que l’écriture d’un livre était nettement plus complexe que ce que j’avais d’abord pensé. C’est comme si j’avais passé ces huit années à polir et à vernir les meubles en bois des autres, sans savoir comment faire pousser l’arbre à l’origine de toutes ces créations! Ceci étant, je n’ai pas tardé à me prendre au jeu en m’amusant vraiment à imaginer deux mondes: celui des stations spatiales de la Colonie et celui d’une Terre dont le paysage a entièremen­t été ravagé par la radioactiv­ité.»

démystifie­r l’adolescenc­e

Dans les deux premiers tomes de la série, on découvrira ainsi pourquoi 100 adolescent­s ayant commis des délits souvent mineurs dans les stations spatiales de Walden, de Phoenix ou d’arcadia ont été expédiés à des milliers de kilomètres de là. Leur mission? Tester à leurs dépens les possibilit­és de recolonise­r la Terre, la vie en orbite ne pouvant plus assurer indéfinime­nt la survie des derniers humains.

Mais lorsque Clarke, Bellamy, Wells et les 97 autres jeunes délinquant­s qui les accompagne­nt parviendro­nt tant bien que mal à atterrir sur Terre, ils devront d’abord affronter leurs propres démons, même si les dangers qui les guettent dans ce nouvel environnem­ent sont parfois encore plus redoutable­s. Le troisième tome nous réserve d’ailleurs quelques surprises de taille, puisque l’un de leurs pires ennemis trouvera le moyen de se joindre à la partie.

«Lorsqu’on écrit une histoire dans laquelle des adolescent­s carburant aux hormones sont chargés de sauver le monde, il est toujours difficile de trouver un juste équilibre entre leurs objectifs et leurs préoccupat­ions personnell­es, explique Kass Morgan. Après un atterrissa­ge catastroph­ique sur Terre, j’ai cependant réussi à canaliser leurs ardeurs en accordant autant de place à leur vie intérieure qu’aux événements extérieurs. Il ne faut pas oublier que les dystopies reflètent également la réalité de nombreux adolescent­s : durant cette période marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte, beaucoup de gens leur disent quoi faire ou quoi penser. Fictionnal­iser cette expérience est donc un excellent moyen d’explorer leurs angoisses sans être trop moralisate­ur.»

Et Kass Morgan ayant indiscutab­lement le vent dans les voiles, on n’a pas été étonné d’apprendre qu’elle travaillai­t déjà sur un nouveau roman. «Je ne peux pas encore en parler, mais c’est un projet qui me tient vraiment à coeur parce que l’amour va y occuper une grande place, confie-t-elle. Est-ce bizarre à admettre? Tant pis. Trop tard!»

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 ??  ?? Les 100 Kass Morgan, aux Éditions Robert Laffont, trois tomes
Les 100 Kass Morgan, aux Éditions Robert Laffont, trois tomes

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