Le Journal de Quebec

Raconter le Nord en 40 histoires

- MARIE-FRANCE BORNAIS Jean Désy a publié plusieurs romans, essais, nouvelles et récits et remporté plusieurs prix.

Jean Désy, docteur en médecine et en littératur­e, dédie son nouveau recueil, L’accoucheur en cuissardes, aux étudiants en médecine qu’il a eu le bonheur de côtoyer depuis une quinzaine d’années.

Ce sont eux qui lui ont souvent demandé de leur raconter des anecdotes tirées de son expérience et de sa pratique médicale, autour de Québec mais aussi sur la Côte-nord, au Nunavik et à la Baie-james.

Jean Désy propose cette fois 40 histoires, souvent comiques, parfois tragiques, tirées de nombreuses années de pratique. Du jeune interne qu’il était jusqu’au médecin-poète-auteur-professeur qu’il est maintenant, il présente une série de portraits touchants et colorés de gens croisés sur sa route. Les récits sont émouvants, souvent très drôles, teintés du Nord et racontés avec humanité et grand talent.

«NOMADE, CONTEUR ET POÈTE»

«J’ai écrit 42 livres et je suis toujours content, parce que ça fait partie de mon activité de nomade, de conteur, de poète, par rapport au monde», explique-t-il en entrevue. «J’ai mis sur papier des anec- dotes que je raconte depuis plusieurs années à mes étudiants. Il y a des histoires tragiques, et des histoires hyper drôles.»

Chaque fois, la rencontre avec des gens vulnérable­s et souffrants a provoqué chez lui une réflexion sur ce que devrait être la médecine — un mél a nge de subjectivi­téet d’objectivit­é, d’art et de science, mis au service des plus démunis.

«J’ai déjà écrit plusieurs récits autour du Nord et dela médecine. Maisj’en - seigne aussi à la faculté de médecine depuis maintenant 18 ans. Ça m’arrives o uve n t de raconter quelques anecdotes pour diminuer la tension. Je trouve que c’est essentiel de rappeler aux étudiants en médecine certains éléments d’humanité face à certaines problémati­ques», dit le médecin de 61 ans.

«Comme soignant, on n’a jamais le droit d’être orgueilleu­x. C’est dangereux, le jeu de pouvoir qu’on peut avoir avec les autres — les collègues ou les patients. Le soignant idéal, à mon point de vue, c’est quelqu’un qui soigne d’abord par affection, d’abord pour être utile. Qu’il gagne sa vie, tant mieux. Mais d’abord par affection. S’il a du pouvoir sur son patient et s’il est en situation de pouvoir par rapport aux autres, ça vaut rien. Je le dis et je suis persuadé de ça. Moins on est en situation de pouvoir face aux autres, plus notre travail est de qualité, a dusens.»

Le Nord, assure- -t-il, a carrément sauvé sa vie. «Je pense que j’aurais été profondéme­nt ma lh e u - reux et je le serais encore si je devais pratiquer la médecine dans le Sud, en s oci ét é , avec c e groupe. J’ai senti que je devais aller dans le Nord. J’ai été sur la Côte-nord, chez les Inuits et ça fait 30 ans que je vais chez les Cree. C’est ce Nord, cette population et le milieu physique aussi qui a fait en sorte que je sois capable de continuer de faire ce métier. (...) Je suis nourri par le Nord: je vais à la pêche, je suis de garde et je me promène en canot.»

DANS LE NORD

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Jean Désy L’accoucheur en cuissardes Éditions XYZ, 220 pages.

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