Destin extraordinaire d’une femme de la Renaissance
Dans les rues animées d’avignon au XIVE siècle, Solange Le Blanc entame une existence des plus particulières. Orpheline à cinq ans, elle est élevée par les Bénédictines, qui la croient douée de clairvoyance. Elle est formée dans le scriptorium de l’abbaye.
Forcée de fuir le monastère à l’adolescence, Solange rencontre le poète Pétrarque, qui fait d’elle sa copiste et son amante. Leur passion ravageuse, merveilleuse par moments, d é va statrice parfois, durera toute leur vie.
Intelligente, raffinée et d’une beauté rare, Solange séduit aussi le pape Clément VI, ce qui lui confère un rôle de pr e mier pl a n dans l’une des plus célèbres cours d’europe. Toute fois, des nuages noirs assombrissent sa vie lorsqu’une épidémie depeste dévaste Avignon: elle doit se défendre contre des conspirateurs qui l’accusent de sorcellerie et défendre les siens.
AMATEURS D’HISTOIRE
Mary Novik offre une grande saga extrêmement documentée dans Muse, un roman délicieux et intelligent, quiva combler les a mateurs d’histoire et de beaux-arts.
L’écrivaine s’est basée sur quelques faits réels pour construire le personnage de Solange Le Blanc, même si on sait peu de choses au sujet des f e mmes qu i ont vécu à cette époque.
«Très tôt, j’ai découvert que le pape Clément VI avait une maîtresse. Il l’appelait sa «nièce». Elle s’appelait la comtesse de Turenne. Quand j’ai visité Avignon, j’ai découvert que Pétrarque avait une maîtresse et qu’il lui avait fait deux enfants. Ce sont les deux femmes qui m’ont servi pour faire le portrait de Solange, mais c’est un personnage fictif.»
Mary Novik a mis plus de six ans à écrire le roman, qui lui a demandé énormément de travail de documentation. Elle a appris beaucoup de choses sur l’histoire des femmes à Avignon, à l’époque où c’était le siège de la papauté. «J’ai lu sur les scribes, sur les enluminures dans les manuscrits. J’étais fascinée et tellement séduite par le sujet que je me laissais emporter par mes recherches. À l’époque, pour recevoir une éducation, il fallait pratiquement que les femmes entrent chez les Bénédictines, dansun e abbaye, carelles étaient les seules qui éduquaient les femmes. Solange suit un chemin possible et plausible, à l’époque.»
« Mê me les aristocrates n’avaient pas accès à l’éducation. Les femmes étaient enregistrées seulement comme épouses, filles, ou veuves. Même les chercheurs do iventre connaître qu e les femmes célibataires étaient probablement des prostituées — l’un d’entre eux estime que 50 % des femmes d’avignon étaient des prostituées. À l’époque, ce n’était pa s considéré comme illégal : elles devaient payer des taxes.»
LE PAPE CLÉMENT VI
C’est d’abord la ville d’avignon — la cité des papes — qui l’a fascinée, puis elle s’est intéressée à l’histoire du pape Clément VI. «Il m’apparaît comme le meilleur pape de la période d’avignon. Il avait l’air d’un homme agréable. Il était très clément — comme le veut son nom. Dès le début de son mandat, il a dit qu’il n’enverrait personne les mains vides, loin de la ville. C’était un homme généreux. Il avait une cour extravagante, donnait des banquets, sa chambre était extraordinaire. Il vivait comme un roi. C’était aussi la naissance de l’humanisme, de la Renaissance. Même si Clément VI était médiéval à bien des points de vue, c’était aussi le mécène de Simone Martini, influencé par Giotto. Même aujourd’hui, on retrouve à Avignon toute la magnificence de son palais.»