ISRAËL, PALESTINE ET JORDANIE, OÙ LA COHABITATION EST PARFOIS TRÈS FRAGILE
J’ai passé 20 ans à parcourir la planète. Après avoir fait quelques tours du monde, avoir visité plus de 60 pays sur les cinq continents, parcouru toute la Terre sainte, marché sur la Muraille, touché le Taj Mahal et Pétra, flotté sur la mer Morte, vu Angkor Vat, mangé une panoplie d’insectes, j’ai visité l’iran, les territoires palestiniens, traversé des frontières à pied et à vélo, côtoyé la joie, la pauvreté et la mort dans un hôpital de Delhi.
Je prends l’avion de Montréal avec un bon rhume du mois d’avril. Mon escale se fait à JFK, New York, pour Amman en Jordanie. Au moment de l’embarquement, quatre policiers douaniers armés font irruption avec un Jordanien, chassé du pays de l’oncle Sam, qui sera escorté jusqu'à la fermeture des portes de l’appareil. J’espère alors ne pas être son voisin de siège et me retrouverai finalement une rangée derrière lui! Arrivés en Jordanie, l’individu sortira le premier, escorté par la police jordanienne.
Pétra fascine depuis 2000 ans. Je me retrouve au coeur de cette ville construite par les Nabatéens, un peuple commerçant de l’antiquité. J’y ai accès par le «siq», via un long corridor d’un kilomètre dont le chemin n’est parfois guère plus large qu’un bras tendu. Le premier monument, d’une architecture stupéfiante, est le trésor du Pharaon AlKhazneh, une des sept merveilles du monde.
Je monte à la sueur de mon front, les 822 marches qui mènent au monastère et à 40 degrés à l’ombre, avec un rhume que je traîne en longueur depuis Montréal, je sue à torrent. La vue sur la région depuis ce prodigieux bâtiment est à couper le souffle! Je passerai deux jours entiers à parcourir cette magnifique cité sous un soleil de plomb et à traquer les zones ombragées avec, me semble-t-il, tous les touristes de la Jordanie.
La frontière depuis Aqaba se traverse assez aisément. Mon accès en Israël se fait à pied par un chemin tampon entre les deux pays. Je marche en direction du premier des quatre postes de contrôle israélien et j’aperçois - et surtout j’entends - des avions chasseurs israéliens survoler la frontière. Le contrôle douanier est angoissant : « why Is
rael? Passeport! » avec l’inspection intensive du passeport pour s’assurer que vous n’avez pas circulé au Liban, et en Syrie, l’ennemie jurée d’israël. Je franchis avec soulagement ce contrôle et bondis dans un autobus en direction de Jérusalem. Pendant le trajet, un fusil-mitrailleur en bandoulière me caressera le genou, gracieuseté de mon voisin soldat!
JÉRUSALEM
Cette ville me charme aussitôt. Rien de plus dépaysant que de se retrouver au centre des trois religions monothéisme : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Je me mets aussitôt au défi de me perdre dans les ruelles entremêlées des quartiers musulman, chrétien, arménien et juif. Et je me suis effectivement perdu… Les clochers d’églises, l’appel à la prière du muezzin, les Juifs qui prient en marchant, tout est étourdissant visuellement et auditivement et j’en ressens une formidable énergie.
Le mur des Lamentations est le point fort de Jérusalem et l’accès se fait par un endroit très sécurisé avec détecteur de métal et fouille corporelle.
Je vais obligatoirement me couvrir la tête d’une casquette ou d’une kippa, mis à la disposition des visiteurs.
Je ne peux m’empêcher de toucher cet endroit où, des milliers de papiers, conte- nant une prière, sont insérés dans les fentes de ce mur construit par Hérode.
BETHLÉEM
Pour accéder au lieu de la naissance du Christ, il faut se rendre en Palestine. L’église de la nativité au centre de la ville est un lieu de rassemblement touristique intense. Une attente de plus de deux heures pour entrevoir, l’espace de quelques secondes, une étoile sur le sol, lieu de naissance de l’enfant prodige.
JÉRICHO
Je continue ma cavale vers Jéricho, ville de plus de 9000 ans, considérée comme la plus vieille au monde. L’accueil des Palestiniens est sans contredit hospitalier et chaleureux.
Je me rends au monastère de la tentation, situé sur le mont du même nom, pour une vue saisissante sur la ville.
RAMALLAH
À la Mouqata'a, je me recueille brièvement sur le mausolée de Yasser Arafat, chef de l’autorité palestinienne mort en 2004. Il fut assiégé et maintenu à la Mouqata'a pendant deux ans avant son départ vers un hôpital français pour y mourir.
MER MORTE
Je tente un petit saut dans la mer Morte, le point le plus bas sur terre (-422 mètres).
L’eau est chaude et le taux de salinité est de 20 % comparativement à 5 % pour la mer traditionnelle.
J’enfouis mes mains dans la boue noire, riche en minéraux, et m’en imprègne tout le corps pour ensuite retourner dans l’eau me laisser flotter. Oui, j’ai bien flotté!
Ce voyage m’aura permis de rencontrer des peuples accueillants où la cohabitation est parfois très fragile.