Remboursée pour son titre de notaire
La rectrice de l’université de Sherbrooke s’est fait payer sa cotisation et des formations
MONTRÉAL | La rectrice de l’université de Sherbrooke s’est fait rembourser sa cotisation et plusieurs formations à la Chambre des notaires sur son compte de dépenses, ce qui amène plusieurs intervenants à se demander si c’est aux contribuables de payer pour le développement professionnel des recteurs.
Au cours de la dernière année, près de 80 % des dépenses réclamées par Luce Samoisette ont servi à payer son accréditation professionnelle et des séances de mise à niveau à la Chambre des notaires du Québec.
«C’est curieux. L’université n’a pas embauché une notaire, mais bien une rectrice. Est-ce aux contribuables de débourser pour la carrière post-rectorat de la rectrice? La question se pose», analyse Alexandre Beaupré-lavallée, chargé d’enseignement en administration de l’éducation à l’université de Montréal.
PAS À LAVAL
L’ Université de Sherbrooke n’est pas la seule à agir de la sorte.
Le recteur de l’université de Montréal se fait rembourser quatre accréditations (Collège des médecins, Collège Royal, Association médicale du Québec, Radiological Society of North America), en sus de plusieurs formations. Idem pour la rectricede Mcgill, Suzanne Fortier, qui détient un doctorat en cristallographie.
Pour tant , à l ’ Université Laval, on a confirmé que le recteur Denis Brière n’avait pas accès à ces avantages, puisque «la politique prévoit qu’il n’y a pas de remboursement des cotisations professionnelles, sauf lorsque cellesci sont directement liées aux fonctions universitaires».
«C’est légal pour les universités de rembourser les cotisations, mais c’est inacceptable. C’est aux recteurs d’assumer leurs frais professionnels, pas à la société. La pratique du droit notarial n’est pas essentielle à la fonction de recteur», souligne Martin Maltais, professeur en financement et politiques d'éducation à L’UQAR.
RETOUR À L’ENSEIGNEMENT ?
Questionnées à ce sujet, les universités répliquent qu’il est nécessaire de maintenir les membres de leur haute direction à niveau, dans le cas éventuel d’un retour au professorat. «La rectrice retournera éventuellement enseigner. Ces allocations sont en lien avec ses fonctions de professeure affiliée à la faculté d’administration», a indiqué la porte-parole de l’université de Sherbrooke, Judith Lavallée.
Le Journal a demandé quels coursensei gnés auparavant par Mm Samoisette nécessi - taient des compétences en notariat. L’université n’a pu répondre à ces questions hier.
MOYEN DÉTOURNÉ
Pour la Ligue des contribuables, il s’agit là d’un moyen détourné pour augmenter la rémunération des recteurs. «Ça témoigne d’une tendance lourde où l’on donne plein d’avantages financiers aux recteurs pour éviter d’afficher un gros salaire. Ce n’est pas transparent. Les recteurs devraient assumer euxmêmes les coûts relatifs à leur avancement professionnel», souligne la porteparole Claire Joly.