Alcan ou la Caisse
Lors de la transaction de vente à la multinationale australienne Rio Tinto, en 2007, Alcan comptait quelque 12 000 employés. Son nom rayonnait à la grandeur de la planète. Il suffisait de prononcer le mot Alcan pour l’associer automatiquement à l’aluminium qui provenait du Saguenay-lac-st-jean.
Aujourd’hui, Rio Tinto Alcan ne compte plus que 4500 employés. En plus d’éliminer encore une autre centaine d’employés au siège social de Montréal, on vient d’apprendre que la haute direction de Rio Tinto a décidé de carrément supprimer le nom Alcan de la raison sociale de sa division d’aluminium.
À ces 7500 emplois perdus au fil des huit dernières années, convenons que c’est moralement lourd de conséquences pour l’histoire du Québec, et plus particulièrement du Saguenay-lac-st-jean, de voir ainsi ce prestigieux nom d’entreprise disparaître de la planète.
Cela étant dit, était-il possible en 2007 d’éviter la mainmise de Rio Tinto sur Alcan? Oui, mais à un prix de fou, soit 38 milliards US! C’est le prix qu’a versé Rio Tinto pour mettre le grappin sur Alcan.
MAUVAIS PLACEMENT
Qui au Québec, à part la Caisse de dépôt et placement du Québec, avait à l’époque les moyens financiers de contrer l’offre publique d’achat de Rio Tinto? Sans risquer de se ruiner… aucune société québécoise.
On jase… Si la Caisse était devenue l’actionnaire de contrôle d’alcan, sachez qu’on lui reprocherait aujourd’hui d’avoir sans doute réalisé, financièrement parlant, l’un des plus mauvais placements de son histoire.
Pourquoi? Parce que le prix de l’aluminium a littéralement fondu entre le moment où Rio Tinto a acquis Alcan à prix exorbitant et quelques années plus tard, et ce, en raison de la crise économique mondiale de 20082009. Et qu’en conséquence, Rio Tinto a été obligée de déprécier les actifs de la multinationale Alcan de telle sorte qu’elle ne valait plus qu’une dizaine de milliards de dollars en 2013.
Imaginez le scandale financier: avec un tel hypothétique placement dans l’achat d’alcan, la Caisse se retrouverait aujourd’hui au coeur d’un trou de 28 milliards de pertes! Pour mesurer l’ampleur potentielle du scandale, sachez que cette somme équivaut à 4,6 fois le montant de la perte (6 milliards) de la Caisse dans le papier commercial.
QUE FAIRE AUJOURD’HUI
Le Québec a certes perdu en 2007 le contrôle d’un joyau économique de son savoir-faire. Que faire aujourd’hui pour éviter que l’hémorragie se poursuive dans l’industrie de la métallurgie au Québec?
Que le gouvernement Couillard commence par écouter les recommandations des représentants des entreprises et des syndicats de l’industrie métallurgique, ainsi que celles des élus municipaux des régions minières.
Et qu’il mette en place par la suite un plan de développement accéléré de cette industrie afin de lui donner un second souffle surtout du côté de la transformation.