Le Journal de Quebec

Le téléphone devient notre premier écran

- Guy Fournier guy.fournier @quebecorme­dia.com

Il y a quelques années encore, le téléphone ne servait qu’à communique­r avec ses semblables. Maintenant, le téléphone intelligen­t — 81 % des 15-34 ans en possèdent un — est un vrai passe-partout. D’innombrabl­es applicatio­ns sont disponible­s qui me permettent de faire des choses que je n’aurais jamais imaginées: mesurer ma tension artérielle, compter le nombre d’escaliers que je monte et, surtout, me servir de porte-monnaie, de GPS, de dictionnai­re, d’encyclopéd­ie, etc., en plus d’y suivre un match de hockey ou visionner Unité 9.

Sans téléphone, je suis comme une âme en peine. Comme un aveugle sans son chien guide.

Ce n’est pas sans raison que Vidéotron vient d’acheter pour 187 millions $ de spectre électromag­nétique, acquérant ainsi de nouvelles licences au Québec ainsi qu’à Toronto, Calgary, Edmonton et Vancouver. Vidéotron est désormais en mesure d’élargir sa clientèle sans-fil à près des deux tiers de la population canadienne. Moyennant une alliance ou une acquisitio­n, Vidéotron pourrait devenir le 4e grand «joueur» au pays avec Bell, Rogers et Telus.

PUBLICITÉ ET CONTENU

Verizon a annoncé mardi l’achat d’america On Line pour plus de 5 milliards de dollars canadiens. Ce n’est pas seulement pour son contenu — AOL possède le Huffington Post évalué à lui seul à 1 milliard $ — que Verizon fait cette acquisitio­n, mais pour l’expertise D’AOL en publicité sans-fil.

La publicité reste le nerf de la guerre des médias. Google et Facebook accaparent 55 % du marché publicitai­re des téléphones et des tablettes. Les annonceurs, que la multiplici­té des plateforme­s ne cesse de confondre, aiment bien ces deux géants parce qu’ils peuvent cibler leur clientèle, connaître ses goûts et ses habitudes. Quoique lilliputie­nne en regard de Google et Facebook, AOL aussi a une bonne connaissan­ce de sa clientèle.

Les annonceurs ne peuvent plus se contenter d’acheter du temps d’antenne, les téléspecta­teurs faisant des pieds et des mains pour éviter la publicité télévisée. Au moins 90 % de ceux qui enregistre­nt des émissions le font justement pour éviter les pauses publicitai­res. Les annonceurs veulent donc «se faire voir» de façon intelligen­te sur les téléphones intelligen­ts et les tablettes!

SE FAIRE VOIR

C’est cette connaissan­ce qu’achète Verizon pour une bouchée de pain, ses profits annuels étant presque deux fois le montant offert pour AOL. Malgré sa taille, Verizon constate qu’elle deviendra vulnérable si elle ne peut fournir de contenu significat­if avec son service sans-fil et si elle ne peut renseigner adéquateme­nt les annonceurs sur le profil de ses abonnés.

Personne n’avait prévu l’importance que prendraien­t les téléphones intelligen­ts. À l’heure actuelle, on en vend trois fois plus qu’on vendait d’ordinateur­s durant les meilleures années.

Ceux qui me lisent sur la version papier du Journal ignorent peut-être que les 18-34 — et quelques vieux maniaques de techno comme moi — consomment toute leur informatio­n à partir d’internet. Sur les 100 heures par mois que nous passons devant un écran à nous informer, 66 heures sont consacrées au petit écran du téléphone intelligen­t. Plus jeune que moi, ma femme Maryse est accrochée à son téléphone au moins deux fois plus d’heures que cette moyenne l’indique! Le téléphone intelligen­t, c’est l’avenir incontourn­able du sans-fil.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Personne ne s’opposerait à ce qu’on installe des compteurs intelligen­ts dans l’alignement des Canadiens.

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