Passons en mode attaque

TAMPA | Les yeux hagards, Tomas Plekanec répondait aux questions d’un ton à peine audible dans le vestiaire après la défaite. La voix mal assurée traduisait un sentiment qui doit certainement l’habiter: ai-je les outils pour passer à travers une dure série contre les meilleurs de la LNH?

Il y a deux réponses à cette question. Oui, si on l’emploie dans des missions strictement défensives avec un temps de jeu limité. Et non, si le Canadien continue d’en faire aussi un de ses éléments principaux à l’attaque.

Le gars est brûlé à tous les printemps.

Cette élimination contre le Lightning obligera l’organisation à remettre en question sa philosophie. Pourquoi amasser autant de points en saison régulière si c’est pour tomber à plat lorsque les séries passent en mode «combativité extrême»?

Le Canadien s’en tire bien en saison en respectant le système défensif grâce justement à un type comme Plekanec. Carey Price fait le reste.

LE FACTEUR WOW !

En séries, c’est différent. Parfois, c’est l’attaque qui doit être la priorité. La créativité, l’étincelle, un brin de folie dans l’exécution. Le Canadien n’a pas ce facteur wow! qui anime un club comme les Blackhawks.

Arriver à ce stade, c’est possible. Mais on doit faire certains sacrifices en saison. Et revoir l’organigramme.

On aurait dû laisser Alex Galchenyuk au centre, le laisser faire un paquet d’erreurs, perdre quelques matchs de plus ici et là.

Avec un peu plus de patience, peut-être aurait-on alors façonné un jeune homme plus confiant, prêt à assumer de grandes responsabilités au printemps. À la place, on se retrouve avec un gars à la confiance fragile qui a peur de commettre des bévues. Il a régressé dans son développement.

Cela fait combien d’années qu’on juge que le Canadien doit se doter de joueurs de centre au gabarit imposant?

Trop longtemps. C’est le temps d’agir.

UN GARDIEN QUI PERMET DE RISQUER

Et puis, me faisait remarquer avec justesse un lecteur, pourquoi doit-on mettre autant l’emphase sur la défense lorsqu’on a le luxe d’avoir le meilleur gardien de but du monde?

Cet atout ne devrait-il pas au contraire permettre une plus grande part de risques?

Price aimerait mieux gagner plus souvent 4 à 3 ou 5 à 4 et voir sa moyenne de buts alloués grimper un peu, je suis persuadé, que de vivre éternellement avec cette épée de Damoclès qui lui pend au-dessus de la tête, l’attaque anémique de son club.

Passons en mode attaque! Ce ne sont pas les partisans qui vont s’en plaindre. Le hockey est pas mal plus excitant lorsque le talent s’exprime.

BOULOT COLOSSAL

Ce n’est pas pour rien que le Lightning l’a emporté. L’attaque de ce club a du mordant, leurs gars s’amusent, prennent parfois des risques qui rapportent.

C’est beau à voir. Steve Yzerman et Julien Brisebois ont fait un boulot colossal pour redresser cette barque qui sombrait. Cela prenait du courage de se départir de Vincent Lecavalier et Martin St-louis et de revoir l’organigramme de fond en comble. Le Canadien en est là. C’est l’heure des grandes décisions. On ne parle pas ici des troisième et quatrième trios et des cinquième et sixième défenseurs.

Il faut se poser les vraies questions sur les six premiers attaquants.

Car en ce moment, ça ne fonctionne pas. Et c’est pourquoi le Canadien est éliminé.