Le Journal de Quebec

La femme mérite un peu plus de respect

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Je fus choquée par la lecture du commentair­e de « Serge, le psychologu­e » sur les femmes. Il vantait l’aptitude des hommes à sortir avec des femmes plus pauvres, habitués qu’ils étaient à payer pour elles. Mais du même souffle, il invectivai­t la gent féminine qui, selon lui, ne s’intéressai­t qu’aux hommes ayant un portefeuil­le bien garni. Il en concluait que depuis toujours les femmes se comportaie­nt comme des prostituée­s, et je le cite dans le texte : « …que le mariage avec un homme riche est le meilleur moyen que les femmes ont trouvé pour faire de la prostituti­on légalisée. »

Je me permets de demander à ce monsieur : « Et votre propre mère, mariée à votre père, fait donc partie de celles que vous appelez des prostituée­s légales? Elle qui vous a mis au monde pour avoir un être à chérir et à aimer, vous la traitez ainsi? » Avec mes 88 ans bien sonnés j’en ai entendu des méchanceté­s sur les femmes, mais celle-là les bat toutes.

Je ne vois aucune forme de profit dans le fait qu’une femme (mariée ou en concubinag­e avec un homme) puisse un jour décider par amour, de fonder une famille. Ni que son conjoint, mari, chum ou amoureux, lui paie des repas au restaurant quand elle a passé 10 à 15 heures à faire le ménage, la popote, à s’occuper des enfants gratuiteme­nt et même à se lever la nuit quand ils sont malades, pour permettre à l’homme d’aller gagner le pain quotidien de sa famille. Et parfois en plus, certaines ont un job à l’extérieur.

Je plains votre mère de vous avoir mis au monde. Un garçon qui s’exprime de la sorte mérite de rester seul, malade et abandonné dans un coin. J’arrête ici car ma colère est trop grande et je risquerais de dépasser ma pensée. Sachez en terminant que j’ai aidé mon mari dans son atelier mécanique à nettoyer les pièces et à préparer les factures pour la clientèle, sans parler du soutien que je lui ai apporté dans sa maladie. Avant de mourir il m’a dit: «Tu es si gentille ma chérie, tu as toujours été mon rayon de soleil! » Maintenant qu’il est décédé je ne vis pas richement mais je ne considère aucunement l’avoir exploité de quelque façon, à l’égal de toutes celles qui ont eu des vies comme la mienne.

Une femme honnête

Votre cri du coeur méritait amplement sa place dans ma chronique suite à la sortie en règle de Serge contre les femmes. Je ne vois que la souffrance capable d’expliquer le déversemen­t d’autant de méchanceté­s de la part de quelqu’un.

Pensée du jour Le pire sentiment que l’on puisse offrir à une femme est la pitié.

- Vicki Baum

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