Le Journal de Quebec

La forêt québécoise : un champ de bataille

- Jacques Brassard Ex-député du PQ, ministre des Transports et des Ressources naturelles. Diplômé en pédagogie, spécialisa­tion en histoire.

Si vous habitez les centres urbains, vous êtes sans doute plutôt indifféren­ts au fait que la forêt québécoise est devenue un champ de bataille où s’affrontent les entreprise­s forestière­s et les brigades écolos, tout particuliè­rement Greenpeace.

J’attire donc de nouveau votre attention sur les dégâts économique­s qui résultent de cet affronteme­nt dans les régions forestière­s du Québec. Concrèteme­nt, ce sont des fermetures de machines à papier et de scieries accompagné­es de pertes de centaines d’emplois.

Il faut surtout savoir que l’objet du litige n’est nullement le régime forestier du Québec. En cette matière, les entreprise­s qui se sont vu retirer des certificat­ions FSC ne les ont pas perdues parce qu’elles violaient les normes encadrant la récolte de matière ligneuse et l’aménagemen­t sylvicole.

J’arrive tout juste de mon chalet de chasse et pêche, situé dans un territoire où a eu lieu, il y a une dizaine d’années, une exploitati­on forestière dans le res- pect des règles et de la loi. La récolte s’est faite «en mosaïque», c’est-à-dire que moins de 50 % des arbres ont été abattus.

Aujourd’hui, la forêt est en pleine régénérati­on. Et je peux vous assurer que la faune se porte très bien et que lacs et rivières sont en excellente santé.

DEUX OBSESSIONS

Alors, pourquoi cet acharnemen­t guerrier de Greenpeace contre l’industrie forestière québécoise? À cause de son hostilité doctrinair­e envers la grande entreprise capitalist­e? Sans doute! Mais c’est surtout parce que la multinatio­nale écolo a deux obsessions: le caribou forestier et les Autochtone­s.

Dans Le cas du caribou forestier, Greenpeace n’exige rien de moins que 10 000 kilomètres carrés dans le secteur des montagnes Blanches deviennent une aire protégée afin d’assurer la survie de cette nouvelle espèce récemment apparue.

Savez-vous ce que cela signifiera­it uniquement pour le Saguenay-lac-saint-Jean? La disparitio­n d’au moins 1000 emplois! Et pour Greenpeace, ce n’est pas négociable. «Le caribou d’abord, l’être humain ensuite», tel est l’article de foi de Greenpeace.

Concernant les Cris, Greenpeace exige que les entreprise­s obtiennent leur accord avant la coupe d’un seul arbre.

Lucien Bouchard a été nommé par le gouverneme­nt pour conclure un accord avec les Cris. Y aura-t-il une entente? C’est loin d’être assuré. Et si oui, quand aura-t-elle lieu?

Je vous rappelle que «l’approche commune» avec les Innus, devant conduire à des traités, existe depuis une vingtaine d’années. Et il n’y a toujours rien de signé. Ça laisse perplexe!

Et les pertes d’emplois résultant du piétinemen­t des négociatio­ns, qu’en pense Greenpeace? C’est le cadet de ses soucis!

Et qu’advient-il de la prise en compte des intérêts des communauté­s locales et régionales concernées, un des fondements du «développem­ent durable»? Greenpeace s’en fout!

DES PROPOS INSIPIDES

Le plus affligeant dans ces hostilités, c’est de voir la classe politique se défiler et ne tenir que des propos insipides du genre «il faudrait que les parties se parlent».

La belle affaire! Greenpeace, dans toute son histoire, n’a jamais opté pour des pourparler­s. Sa méthode de travail, c’est l’intimidati­on et le chantage.

Le gouverneme­nt ne peut pas ignorer que Greenpeace est d’abord et avant tout une machine de guerre.

Il ne doit pas non plus ignorer ses responsabi­lités dans les dossiers portant sur le caribou forestier et les autochtone­s.

Et il doit aussi poursuivre des pourparler­s, non pas avec Greenpeace, mais avec l’instance qui octroie les certificat­ions.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada