Recyclage du verre : réfléchir à des solutions économiques et durables
L’annonce, par le ministre du Développement durable, de l’environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, de la volonté du gouvernement de recycler les bouteilles de vin et les bouteilles de plastique, a polarisé les débats autour de certains enjeux économiques et environnementaux: √ Maintient-on le statu quo autour du système de consigne et de collecte sélective actuel? √ Élargit-on la consigne aux bouteilles
de vin et à l’eau embouteillée? √ Abolit-on la consigne au profit de la
collecte sélective? √ Qui doit être responsable de cette ré
cupération? √ Quels sont les débouchés du verre sur le marché du recyclage? Ces quelques questions focalisent non seulement les positions souvent contradictoires des différents intervenants, mais témoignent aussi de la complexité de cette question. Au-delà des arguments des uns et des autres, la Fédération des Chambres de commerce du Québec (FCCQ) demande au gouvernement du Québec de prendre le temps de documenter les impacts économiques essentiels liés à l’innovation, au développement régional, au maintien des emplois dans les centres de tri et chez les conditionneurs de matière; de plus, elle lui demande de faire les analyses coûts/bénéfices nécessaires pour évaluer à sa juste valeur la contribution financière exigée actuellement des entreprises, avant de se lancer tête baissée dans des projets que nous pourrions regretter collectivement.
Dans le contexte actuel de rigueur budgétaire, la création de valeur et de richesse prend une dimension encore plus cruciale. C’est pourquoi stimuler la création de débouchés novateurs pour le verre et encourager leur utilisation locale partout sur le territoire nous semble une voie de réflexion à suivre. C’est aussi pourquoi il faut moderniser nos équipements de tri pour véritablement donner au verre la deuxième vie que tous appellent de leurs voeux, au premier chef les citoyens qui posent le bon geste environnemental en participant activement à la récupération. C’est finalement une excellente raison de faire appel au marché qui est apte à mettre de l’avant des solutions performantes et efficaces, qu’elles soient technologiques, économiques ou financières. La proposition récente d’éco Entreprises Québec d’investir 40 millions de dollars dans les centres de tri pour les aider à se doter d’équipements à la fine pointe de la technologie en est une illustration.
Par ailleurs, il faut toujours prendre en compte adéquatement les contraintes logistiques que les décisions gouvernementales risquent d’imposer aux entreprises qui ont à gérer sur le terrain les systèmes de consigne ou de collecte. Ainsi, les entreprises du commerce de détail, dont les ressources humaines ou les espaces d’entreposage ne sont pas infinis, peuvent-elles absorber et gérer de façon efficace et sécuritaire un élargissement de la consigne à d’autres contenants de boisson?
C’est pourquoi il faut prendre le temps de bien faire nos devoirs et de mettre en place les solutions qui sauront faire consensus autour d’objectifs de croissance d’une économie verte et forte, respectueuse des principes du développement durable. Cela ne rendra que plus robuste le statut de leader du Québec en cette matière en Amérique du Nord.