Retour vers le futur : 1983
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, manifeste la même hargne que celle déployée par le gouvernement péquiste en 1983 pour charcuter les conventions collectives de ses employés.
Sa charge à fond de train percute des éléments très sensibles reliés à la charge de travail et à la rémunération et semble susciter encore plus de colère chez les syndiqués que celle observée à l’époque des ministres Bérubé, Morin et Laurin.
Si la tendance se maintient, le gouvernement libéral est en voie de provoquer le plus grand affrontement des trente dernières années.
EXORCISME POUR LES PÉQUISTES
L’attitude du ministre Coiteux tranche nettement avec celle de ses prédécesseurs libéraux qui avaient su doser leurs demandes de récupération en les assortissant de «bonbons». Ceci avait mitigé la colère des syndiqués dans les négociations qui suivirent celles de 1983.
Les Johnson, Jérôme-forget ou Gagnon-Tremblay ne recueillaient pas la satisfaction chez les travailleurs, mais laissaient le sentiment que cela aurait pu être pire et qu’ils n’avaient pas été aussi «salauds» que les péquistes qui avaient baissé leur salaire et augmenté leur tâche en 1983. Les blessures causées par le gouvernement Lévesque subsistèrent longtemps et certains en gardent encore le souvenir.
Toutefois, la situation est en voie de se transformer radicalement avec la gouverne idéologique de l’ex-prof des HEC, qui ne démontre aucun sens pragmatique et qui risque de passer pour le nouveau «salaud» dans l’histoire des relations de travail de l’état avec ses employés.
Le premier ministre Lévesque aigri et revanchard s’était montré agressif dans ses offres gouvernementales parce qu’il n’avait pas apprécié les refus des syndicats de rouvrir la convention collective précédente pour renoncer à une augmentation de salaire. Son désir de vengeance et la récidive de Lucien Bouchard auront miné sérieusement la confiance de celles et ceux qui étaient les plus susceptibles d’adhérer à leur projet de pays.
AU SERVICE DES AMIS LIBÉRAUX
Cependant, ce sont d’autres motifs qui animent Martin Coiteux dans sa volonté d’accroître la tâche de ses employés et de fragiliser leurs revenus. Dissimulé derrière un discours d’assainissement des finances publiques, il rogne avec mépris dans les missions de l’état pour dégager une marge financière qui profitera principalement aux mieux nantis. Baisse d’impôts, rémunération des médecins et juteux contrats se profilent dans le paysage québécois et se feront sur le dos d’employés à qui on demande toujours d’en faire plus en leur donnant moins.
À l’heure où le gouvernement aurait besoin de mobiliser ses employés pour relever les défis sociaux, économiques et environnementaux que commande la planète, monsieur Coiteux préfère se les aliéner.
Quelques mercenaires médiatiques monteront en épingle quelques cas extrêmes pour justifier son intransigeance et l’inciter à poursuivre sa vaste entreprise de déconstruction de l’état. Les syndicats n’auront d’autres choix que de répondre par la grève et le tout dégénéra dans un conflit de travail acrimonieux où loi spéciale et refus d’obéir ne sont pas à exclure.
Quelle que soit l’issue dans les perspectives actuelles, ce seront les citoyens qui perdront des bénéfices à cause d’un président du Conseil du trésor incapable d’un véritable dialogue pour moderniser le Québec.
L’attitude du ministre Coiteux tranche nettement avec celle de ses prédécesseurs libéraux qui avaient su doser leurs demandes de récupération en les assortissant de « bonbons »