Les CPE coûtent plus cher
«C’est un peu court, jeune homme!» Il semble que l’essentiel a été omis. Lorsqu’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Les grandes manoeuvres de la privatisation se poursuivent, via le contrôle des messages: Les CPE coûtent plus cher (sous-entendu que les garderies privées). Un instant, s’il vous plaît. Réduire la comparaison de la performance des CPE et des garderies privées aux seuls coûts introduit un biais d’observation majeur, faute grave pour notre président du Conseil du trésor, forcément bien formé en recherche. Par exemple, un sac de chips coûte moins cher que des fruits frais. Mais sur le plan de la santé? Cela dit, concentrons-nous sur le strict sens des mots garderie privée et CPE.
La garderie privée, organisme à but lucratif, est donc par essence préoccupée par le profit. Certaines font du bon travail, d’autres moins, et d’autres font surtout de l’argent. D’ailleurs, des gens ayant la fibre éducative plus que discrète semblent avoir traficoté pour obtenir plusieurs permis d’exploitation.
PRÉPARER NOS PETITS À LA VIE SOCIALE
On oublie parfois que CPE veut dire Centre de la petite enfance. Il est centré sur la formation de nos petits, sur leur préparation à la vie sociale; c’est souvent leur première intégration dans leur communauté. Enfin, on veut donner à tous ces enfants un maximum d’outils pour mieux aborder l’école primaire. Incidemment, les CPE ont permis à beaucoup de femmes de réintégrer le marché du travail, mais ce n’est pas le but premier.
Professeur d’université à la retraite, j’ai toujours pensé que les enseignants les plus significatifs et les plus engagés d’un système scolaire, incluant le niveau universitaire, sont les enseignants du préscolaire et du primaire. Les difficultés d’apprentissage ou les retards du développement socioaffectif, s’ils ne sont pas en bonne partie réglés avant 12 ans, sont un boulet à vie pour les enfants concernés.
Il faut dire et redire que les garderies ne devraient pas être que des milieux de gardiennage des petits pour que les mamans aillent travailler, mais devraient plutôt, à l’instar des CPE, être des milieux éducatifs qui requièrent du personnel formé, engagé et stable.
Hélène Leclère, Maria