Les travailleurs paient sa dette
La Ftq-construction rembourse des indemnités de départ illicites octroyées par son ex-numéro deux
Les cotisations des travailleurs de la Ftq-construction viennent de servir à rembourser 441 000 $ pour des indemnités de départ illicites octroyées par leur ex-numéro deux Alain Pigeon, en quittant un syndicat rival.
«On est contents que l’argent soit revenu. Mais que les fonds proviennent des travailleurs quand c’est une condamnation individuelle, on trouve ça déplorable», fait valoir Sébastien Gariépy, agent d’affaires du Local 116 du Conseil provincial (International).
D’autant plus que le juge de la Cour d’appel Yves-marie Morissette avait ordonné à Alain Pigeon, et non aux quelque 77 000 membres de la FTQ-Construction, de rembourser personnellement la somme .
Il aura fallu près de 10 ans de bataille juridique pour que la section de l’inter regroupant ferblantiers et couvreurs mette la main sur les 441 633,70 $ que lui devait son ex-directeur général.
Cette somme correspond aux 300 000 $ que Pigeon devait rembourser en indemnités de départ, plus les intérêts.
FUSION RATÉE
L’ex-syndicaliste a régné sur le Local 116 de l’international entre 2001 et 2006.
Pendant cette période, il a tenté en vain de fusionner la section avec un regroupement similaire à la FTQ-Construction.
Invoquant «un manque de confiance du bureau-chef à [son] égard», Pigeon a finalement démissionné en janvier 2006 pour rejoindre la Ftq-construction.
Sept autres personnes l’y ont suivi, avec des indemnités de départ équivalant à trois semaines de salaire par année de service.
Ce qui posait problème, c’est que Pigeon avait lui-même instauré les primes dont il a bénéficié, quelques mois avant son départ, à l’aide de «faux documents», a plaidé l’international en Cour d’appel.
«Pigeon a gravement manqué aux obligations qui lui incombaient en tant qu’administrateur du bien d’autrui», stipule le jugement datant d’août 2014.
PROMESSE
Si ce sont les travailleurs de la FTQ-Construction qui paient la note au -jourd’hui, c’est en raison d’une promesse faite par la direction à Alain Pigeon quand il a rejoint ce syndicat. «Ça avait été promis que s’il y avait des poursuites concernant les primes, la FTQ-Construction allait payer», a confirmé au Journal le président Arnold Guérin.
«C’était clair pour nous autres qu’ils avaient droit à leurs primes, mais le juge de la Cour d’appel en a décidé autrement . [ . . . ] On n’a pas à avoir honte d’avoir tenu notre promesse», ajoute-t-il.
M. Guérin convient que certains membres ont posé des questions lorsque la situation leur a été présentée.
«Ça a bien été. C’est sûr que les gens veulent être au courant», a indiqué le président, ajoutant que le dossier est clos pour la Ftq-construction.
PLAINTE
Ce n’est toutefois pas le cas à l’international, dont les dirigeants ont porté plainte pour fraude, a fait savoir l’agent d’affaires du Local 116. Aucune accusation criminelle n’a été déposée contre Alain Pigeon à ce jour. Il n’a pas été possible de joindre l’ex-syndicaliste.