Des pharmaciens admettent ne pas choisir des médicaments
Plus de la moitié des pharmaciens du Québec affirment qu’ils sont limités ou orientés dans le choix des médicaments génériques qu’ils donnent à leurs clients.
Selon les résultats de l’inspection professionnelle menée par l’ordre des pharmaciens du Québec, 1594 membres disent que leur franchiseur, chaîne ou enseigne cherche à limiter ou orienter leur choix de médicaments génériques.
Encore plus troublant, 13 % d’entre eux disent avoir subi des pressions in- dues, du chantage ou des menaces pour vendre les médicaments d’une entreprise plutôt que ceux d’une autre.
«Quand on dit qu’on a 15 % des pharmaciens qui nous disent: “On a peur des représailles” ou des choses comme ça, je pense qu’il faut prendre ça au sérieux», indique la directrice générale de l’ordre des pharmaciens du Québec, Manon Lambert.
CONFORMITÉ RÉPANDUE
Les résultats de cette inspection professionnelle viennent s’ajouter aux révélations faites par notre Bureau d’enquête dans les dernières semaines.
Nous avions notamment révélé que la multinationale Mckesson avait des ententes de conformité avec des dizaines de pharmaciens liés à Proxim et Uniprix. En échange d’avantages financiers ou de rabais sur des produits maison, les pharmaciens devaient s’engager à prendre de 90 à 95 % de leurs médicaments génériques chez Mckesson.
L’inspection professionnelle menée par l’ordre entre janvier et mars 2014, dont les résultats viennent d’être présentés, démontre l’ampleur du phénomène.
«Ça nous dit que les programmes de conformité sont probablement très répandus», soutient Manon Lambert.
Au cours des dernières semaines, une soixantaine de pharmaciens Proxim ont accepté de payer une contribution volontaire pour avoir enfreint la Loi sur la pharmacie. Ils devaient aussi s’engager à ne plus participer à des programmes de conformité.
CADEAUX AUX RÉSIDENCES
Par ailleurs, l’inspection professionnelle a révélé que dans les résidences pour personnes âgées, 40 à 60 % des pharmaciens donneraient des cadeaux.
Plusieurs pharmaciens, entre 18 et 46 % selon le groupe d’âge, dénoncent également la concurrence déloyale qui est exercée dans ces résidences.