Résurrections en série
Les émissions retirées des ondes par leur diffuseur trouvent de plus en plus une deuxième vie ailleurs
Dans un passé somme toute rapproché, la vie d’une série télé semblait reposer entre les mains d’une seule personne: son diffuseur. Quand la «plogue» était tirée, le projet était mort et enterré. Mais en 2015, les règles ont changé.
La plus récente avalanche d’émissions abandonnées par leur diffuseur, mais récupérées ailleurs, démontre bien cette nouvelle réalité. La multiplication des plateformes de diffusion contribue d’ailleurs à nourrir cette vague.
Au petit écran américain, les exemples de résurrections inespérées pleuvent, à commencer par celle de Smash, cette comédie musicale retirée des ondes au printemps 2013 par NBC, faute de cotes d’écoute suffisantes.
Mardi, Variety nous apprenait qu’une adaptation scénique du feuilleton était en chantier pour Broadway.
REVIVRE SUR NETFLIX
La semaine précédente, c’était au tour des mordus de Degrassi de recevoir d’aussi bonnes nouvelles. Quelques jours après avoir pleuré le certificat de décès du drame pour adolescents, les fans ont retrouvé le sourire en apprenant que Netflix allait produire 20 nouveaux épisodes du feuilleton pour 2016. De plus, le populaire service de vidéo sur demande par abonnement présentera la série canadienne partout dans le monde, lui conférant ainsi une visibilité sans précédent.
Ces annonces surviennent 15 mois après la sortie du film de Veronica Mars, cette série-culte du réseau CW annulée après trois saisons malgré d’excellentes critiques. Une campagne de financement sur Kickstarter avait toutefois permis de sortir le projet des boules à mites pour en faire un long-métrage de 6 millions $.
AU QUÉBEC
Cette tendance lourde frappe aussi le Québec. Lundi, La Presse confirmait la renaissance de Mirador sur Séries+, quatre ans après son extinction à Radio-canada.
Selon Brigitte Vincent, vice-présidente programmation de Séries+ et Historia, pour une chaîne spécialisée, ranimer une émission dont les deux premières saisons ont été offertes à Radio-canada, un grand réseau, tombait sous le sens. «L’idée, c’est d’aller chercher le plus de gens possible, confie-t-elle au Journal. Les gens qui étaient accros à Mirador vont vouloir voir la suite sur Séries+.»
«On veut faire parler de nous, poursuit Brigitte Vincent. Pour tirer notre épingle du jeu, on doit faire des coups d’éclat. Ramener Mirador en était un. Depuis, la réaction est très positive. Les gens sont super contents. Ça justifie notre choix d’aller vers une marque établie.»
TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS
Ce torrent de sauvetages in extremis redonne bien entendu espoir aux téléspectateurs délaissés. Avant, quand on annonçait la disparition d’une série, les fans acceptaient le verdict du réseau sans broncher. Les mordus lançaient parfois des campagnes de soutien, souvent sans aucun résultat. Les exemples de soulèvement populaire ayant réussi à ressusciter une fiction – Tout sur moi au Québec et Felicity aux États-unis – sont rares. Mais depuis un certain temps, ces croisades ont repris du tonus.
Lundi, quelques minutes après que NBC eut confirmé qu’elle comptait retirer Hannibal des ondes en août, les plus mordus prenaient d’assaut les réseaux sociaux pour exiger le retour du thriller. Et quelques heures plus tard, le Hollywood Reporter soulevait déjà la possibilité d’une deuxième vie sur internet, grâce à Netflix ou Amazon...