Le Journal de Quebec

Comment parler « sexe » avec nos enfants?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis la maman de deux enfants, une fillette de sept ans et un petit garçon de quatre ans. Notre fille est plutôt de type délicat et effacé, sans pour autant être timide. Ce n’est qu’une fois à l’école qu’elle a commencé à exprimer certaines interrogat­ions sur la sexualité. Des livres m’ont permis de répondre à ses questions, qui ne furent je l’avoue, pas très nombreuses.

Mais c’est différent avec notre fils. Depuis qu’il a trois ans, il prend souvent son bain avec sa soeur, mais avec ce qui s’est passé dernièreme­nt, mon mari et moi on s’interroge. Alors que je lavais le dos de ma fille, mon fils qui jouait à côté m’a demandé s’il pouvait toucher au pipi de sa soeur. Vite ma fille a mis ses mains devant elle, lui lançant un NON retentissa­nt. La réponse était donnée sans que j’ai le temps de réagir tellement j’étais bouche-bée par la question.

Revenue de ma surprise alors que je cherchais quoi ajouter pour faire diversion, je me suis rendu compte que mon fils était retourné à ses jouets comme si rien n’avait eu lieu. Quant à ma fille, elle est sortie du bain et ne m’en plus reparlé. Le soir quand j’ai raconté l’incident à mon mari, il m’a dit qu’il valait mieux ne plus leur donner leur bain ensemble parce que selon lui, notre fils était trop précoce et que ça risquait de nuire à notre fille.

Mais par la suite, les deux ont exprimé le désir de prendre de nouveau leur bain ensemble, semblant avoir tout oublié de l’évènement. Mon mari par contre conteste ma décision d’obtempérer à leur désir et persiste à penser que notre fils est trop éveillé sexuelleme­nt pour son âge. Pourriezvo­us nous aider à trancher?

N.C.

La curiosité de votre fils en matière de sexualité n’a rien de précoce, même si les enfants ne sont pas tous égaux à cet égard. Les garçons sont en général plus précoces que les filles, et certaines filles plus précoces que d’autres. Le vôtre vit l’éveil de son corps, phénomène normal s’il en est un, comme il voit la différence de celui-ci avec celui de sa soeur et veut en comprendre le pourquoi. Autre phénomène tout aussi normal.

Récemment, ma collègue la sexologue Julie Pelletier qui rédige le volet sexualité tous les samedis dans le cahier PSYCHO affirmait : « Il est important de commencer tôt à en parler (en=sexualité). Dès l’âge de trois ans, l’enfant peut recevoir des informatio­ns à ce sujet tant et aussi longtemps que le discours est approprié et adéquat à son stade de développem­ent. On ne moralise pas, on ne donne pas d’exemple personnel, on explique avec les vrais mots, simplement. Si l’enfant ne comprend pas, il reviendra à la charge s’il sent que vous l’accueillez dans le respect de ses questions»

Quant à la volonté de votre mari d’empêcher les bains à deux, c’est une affaire de code moral que vous seuls pouvez trancher en fonction de vos croyances. Mais comme les enfants eux-mêmes n’ont pas fait un plat de l’incident, je ne vois vraiment pas pourquoi vous en feriez un en tant qu’adultes qui devriez être préparés à faire leur éducation sur la chose.

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