Le Journal de Quebec

Jour rose, jour noir

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Hier, deux choses importante­s sont arrivées.

La Cour suprême américaine a enfin légalisé le mariage gai partout au pays.

Et des fondamenta­listes religieux qui jettent les homosexuel­s en bas des gratte-ciel ont assassiné de sang-froid des dizaines d’inconnus parce qu’ils ne priaient pas le même dieu qu’eux.

Tout ça s’est déroulé le même jour de la même année.

Qui a dit que les voyages dans le temps sont impossible­s?

Quelques heures d’avion, et vous pouvez passer du Moyen Âge au XXIE siècle.

Un jour fantastiqu­e. Et un jour tragique.

RÉVOLUTION TRANQUILLE

Aux États-unis, il s’agit d’un changement historique.

Comment les homosexuel­s ontils réussi à avoir gain de cause? En posant des bombes? En faisant la révolution? En foutant le feu? En menaçant tous ceux qui ne pensaient pas comme eux?

Non. En travaillan­t d’arrachepie­d pendant des décennies.

En distribuan­t des tracts. En faisant entendre leur point de vue à la télé. En discutant. En écoutant. En défendant leurs droits devant les tribunaux.

Les gais n’ont pas «révolution­né» le système, ils ne l’ont pas viré à l’envers, cul par-dessus tête: ils l’ont réformé. De l’intérieur. En utilisant les outils mêmes du système, dont les médias et les cours de justice.

C’est comme ça qu’on change les choses. Oh, certes, ça prend du temps, il faut être patient, ça ne se fait pas en une fin de semaine. Mais ça porte ses fruits.

C’est de cette façon que les femmes, puis les Noirs ont fini par obtenir le droit de vote.

Pas en déclarant la guerre. Mais en menant une bataille. Puis une autre. Et encore une autre.

Jusqu’à la victoire finale, qui s’est déroulée hier, le 26 juin 2015.

Une date à souligner dans tous les calendrier­s.

CAUSE TOUJOURS?

Je suis fier du travail accompli par les gais aux États-unis. Fier et admiratif.

Comme on dit en anglais: « You’ve come a long way, baby! »

Ma nièce, qui est lesbienne et qui vit à Brooklyn, va pouvoir enfin se marier avec sa copine américaine. Bravo, Masha! Go, girl! (D’ailleurs, je veux être invité au mariage. Et quand vous allez avoir un enfant, envoyez-moi une photo!)

«Il n’y a aucune différence entre la dictature et la démocratie, disent les tenants de la gauche radicale. La dictature, c’est “Ferme ta gueule”, et la démocratie, c’est “Cause toujours”… »

Bref, d’un bord comme de l’autre, rien ne bouge. Les deux systèmes s’équivalent.

Quel slogan imbécile. Quelle monumental­e niaiserie.

Dites ça aux gais iraniens. Dites ça aux gais afghans. Dites ça aux gais saoudiens. Dites ça aux gais syriens, qui se font égorger, noyer ou défenestre­r.

Il faut vivre dans un pays occidental et profiter des droits que la démocratie nous confère pour lancer pareille stupidité.

LES DÉMOCRATIE­S ÉVOLUENT

Non, tout n’est pas parfait en Occident. Il y a encore du racisme, de l’homophobie, des préjugés…

Mais vous savez quoi? La perfection n’est pas de ce monde. Elle n’existe que dans les romans de science-fiction ou les pamphlets distribués dans les cours de philo au cégep.

Les démocratie­s se nourrissen­t de leurs critiques. Ces critiques leur permettent d’évoluer.

Alors que les dictatures et les fondamenta­listes TUENT ceux qui osent les critiquer.

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