Bettman en doit une au Canada
Rusé, fin renard, Gary Bettman a encore une fois démontré pourquoi il dirige d’une main de maître la Ligue nationale de hockey (LNH) depuis plus de 20 ans. Gary Bettman doit toutefois une grande partie de son succès aux équipes canadiennes. Et il devra s’en souvenir.
À Las Vegas cette semaine, le grand patron de la LNH a abattu ses cartes avec brio. Ce qui permettra aux propriétaires des 30 équipes existantes d’empocher le magot.
On évoque au moins un milliard de dollars qui entreront dans les coffres de la LNH d’ici deux ans, soit plus de 33 millions $ par propriétaire.
La LNH veut prendre de l’expansion, mais pas à n’importe quel prix, a spécifié Gary Bettman. «Je n’ai pas d’appétit pour une expansion, si le chiffre ne commence pas par un 5», a-t-il prévenu. Il a mis la table au festin.
Pensez-y! C’est beaucoup de fric pour un club d’expansion qui n’a pas joué un seul match sur la glace $, soit un prix plancher fixé à 500 millions $ US.
«Et ça pourrait grimper», signale le professeur spécialisé en marketing du sport à L’UQAM, André Richelieu.
Ce dernier croit que, déjà, un mode de surenchère s’est installé entre les villes de Québec, Seattle, Las Vegas, Toronto et Houston. Ça pourrait donc aller à 550 millions, voire 600 millions $ US.
Pour Québec, avec un dollar canadien à 80 cents US, le prix d’entrée grimpe à plus de 700 millions $ CAD, estime M. Richelieu puisqu’il faudra mettre en place une nouvelle organisation impliquant notamment la création d’un club-école et d’une armée de recruteurs, etc.
ALLIANCES POSSIBLES
Ce qui fait dire au professeur spécialisé en marketing de l’université Laval Frank Pons qu’à ce coût d’entrée, seul un partenariat entre de grands groupes d’investisseurs pourrait assurer la venue à Québec de la LNH. En coulisse, Québecor assure avoir les capacités financières pour supporter seule sa candidature. Ses facilités de crédit lui permettent facilement un emprunt à cet effet.
Or, tout est possible. On l’a vu à Toronto avec un partenariat entre Bell et Rogers (pourtant deux entreprises rivales dans les télécommunications) pour l’acquisition de la maison mère des Maple Leafs.
Dans le cas d’un déménagement d’une franchise vers Québec, les professeurs Richelieu et Pons croient que le prix à payer serait moins exorbitant. Mais encore faut-il qu’une équipe soit disponible.
Il faut dire que les revenus engendrés par les équipes de la LNH sont en nette progression depuis quelques années, notamment du côté des équipes canadiennes.
L’an dernier (saison 2013-2014), 20 équipes de la LNH ont engrangé des profits, alors que 10 autres ont perdu de l’argent.
GRÂCE À NOS ÉQUIPES
Or, ce sont surtout les équipes canadiennes qui ont démontré une nette progression de leur valorisation puisque leur rentabilité s’est affichée en forte hausse.
Autrement dit, si le prix d’une franchise de la LNH vaut aujourd’hui au moins 500 millions $ US, c’est surtout grâce au Canada.
Ensemble, les sept équipes canadiennes (Canadiens, Maple Leafs, Séna- teurs, Jets, Flames, Oilers et Canucks) ont été plus rentables que les 23 autres équipes américaines réunies, selon le magazine financier Forbes l’an dernier.
Les équipes canadiennes ont ainsi généré des profits totalisant 250 millions $ comparativement à 203 millions pour les 23 équipes américaines.
En moyenne, une équipe canadienne de la LNH engrange une marge de profit net de 25 % sur ses revenus. Aux ÉtatsUnis, cette marge bénéficiaire passe à 7 % par équipe.
Chemin faisant, il ne fait pas de doute qu’un investisseur qui décidera d’allonger 500 millions $ US pour une franchise de la LNH a beaucoup plus de chance de rentabiliser son investissement au Canada qu’aux États-unis.
Avis aux intéressés.