Un jeune producteur craint de perdre sa ferme
À son avis, le fédéral doit protéger le marché du lait
Louis Forget craint de perdre sa ferme si le gouvernement fédéral ne protège pas le marché du lait de l’envahissement des produits laitiers en provenance de l’étranger. Dans le cadre des négociations du Partenariat transpacifique, les États-unis, l’australie et la Nouvelle-zélande veulent l’abolition de tous les obstacles qu’oppose le Canada à la libre circulation des produits du lait, de la volaille et des oeufs.
Le jeune producteur, propriétaire avec son père, Alain Forget, de la dernière ferme laitière de Laval, rappelle que, dans ces négociations, c’est la petite ferme familiale qui se bat contre les fermes-usines détenues par de grandes compagnies.
«Au Québec, on a des fermes familiales avec en moyenne 60 vaches laitières. Aux États-unis, oubliez ça, il n’y en a plus. Ce sont des fermes de 1500, 3000 vaches. Ici, on s’est donné des règles de protection de l’environnement. Aux États-unis, les compagnies créent des concentrations majeures de pollution au même endroit», argumente Louis Forget.
PAYER LE JUSTE PRIX
La gestion actuelle permet au producteur agricole d’obtenir pour son lait un prix égal à ce qu’il lui en coûte pour le produire. Au Québec, le coût de production moyen est de 58 $ l’hectolitre (100 litres de lait). Pour éviter les surplus, les producteurs doivent acheter des quotas qui sont rendus disponibles selon la demande de consommation. C’est ce qui s’appelle la gestion de l’offre. En conséquence, les secteurs du lait, des oeufs et des volailles font vivre leurs producteurs sans que les gouvernements fédéral et provincial aient à les subventionner.
Actuellement, sur le plan mondial, le prix du lait sans gestion de l’offre est en moyenne de 53 $ l’hectolitre.
TOUJOURS PLUS
Selon le Front commun de la filière agroalimentaire québécoise, comprenant notamment Agropur, l’union des producteurs agricoles (UPA ) et six grandes banques canadiennes, depuis 20 ans, les exportations totales de produits laitiers américains au Canada ont augmenté de 408 % en tonnage, atteignant 156 763 tonnes en 2014, pour une valeur de près de 400 M$. Pour leur part, les importations de volailles américaines au Canada totalisent une valeur de 717 M$, alors que les importations d’oeufs américains sur le marché canadien représentent 30 % des exportations totales d’oeufs des Américains dans le monde et avoisinent une valeur de 100 M$.
Hier, le Bloc québécois a ajouté sa voix à celle de Pierre Paradis, ministre de l’agriculture du Québec, pour exiger du gouvernement Harper qu’il ne fasse «aucune concession sur la gestion de l’offre» et qu’il sorte du flou actuel dans lequel il se maintient.
De son côté, L’UPA a bon espoir que le gouvernement fédéral maintiendra la gestion de l’offre. «Le secteur contribue à hauteur de 30 G$ au PIB du Canada. C’est un secteur rentable», ajoute Jean Vigneault, porte-parole de la Fédération des producteurs de lait du Québec.