Le Journal de Quebec

La nuit des longs couteaux

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Les histoires sont nombreuses. Le repêchage des joueurs amateurs est l’un des événements les plus médiatisés et les plus stratégiqu­es de la Ligue nationale.

C’est au repêchage que les formations établissen­t les bases de leur organisati­on. C’est au repêchage qu’un joueur peut faire toute la différence pendant plusieurs années.

Les recruteurs sont sur le gril, ils n’ont pas droit à l’erreur, car un mauvais choix peut signifier un recul de quelques années pour leur équipe. Si le repêchage des joueurs amateurs soulève un intérêt particulie­r, c’est aussi en raison des jeux de coulisses et surtout en raison de ce qu’on surnomme la nuit des longs couteaux.

Les directeurs généraux font du lèchevitri­ne. On recherche les aubaines ou encore on veut se départir de contrats qu’on ne parvient plus à supporter. C’est à ce moment-là qu’on sollicite les équipes riches pour obtenir un coup de main. La nuit des longs couteaux comporte des scénarios inattendus, des scénarios tordus et aussi des scénarios spectacula­ires.

LA SAGA LINDROS

La saga Eric Lindros et les Nordiques demeure sans contredit l’un des événements marquants de l’histoire du repêchage de la Ligue nationale. Une saga qui s’était éternisée sur une période d’un an. Repêché en 1991, Lindros avait refusé de se présenter sur le podium et avait déclaré qu’il ne jouerait jamais avec les Nordiques en raison du fait que c’était un petit marché, que la ville était francophon­e et qu’il n’y avait pas un plan marketing à son image.

UNE SURENCHÈRE

Me Marcel Aubut avait alors déclaré que Lindros ne jouerait jamais dans la Ligue nationale s’il n’endossait pas l’uniforme des Nordiques. Mais, Gil Stein, alors président de la ligue, et les propriétai­res ne pouvaient tolérer que le meilleur joueur de la planète, disait-on à l’époque, joue dans la Ligue junior de l’ontario.

Finalement, Me Aubut sauta sur l’occasion pour créer une surenchère entre les Rangers de New York et les Flyers de Philadelph­ie.

«Le matin du repêchage, raconte souvent André Savard, l’ex-directeur général du Canadien, et à l’époque employé des Nordiques, j’étais dans l’ascenseur et un dirigeant d’une autre équipe me lança: vous avez fait une grosse transactio­n avec les Flyers. Non, que je lui réponds, c’est avec les Rangers. Mais il insista, non, non, ce sont les Flyers et non les Rangers.»

Savard et son groupe ont appris la nouvelle à la table de l’équipe tout juste avant le début du repêchage de 1992.

«Pourtant, au début de la nuit, on avait conclu un marché avec les Rangers», ajoute Savard.

Les Rangers avaient offert une somme de 12 millions de dollars et les joueurs Alex Kovalev, Tony Amonte, John Vanbiesbro­uck, Doug Weight et les choix de première ronde en 1993, 1994 et 1996.

Si Vanbiesbro­uck se prévalait cette année-là de son statut de joueur autonome, il serait remplacé par James Patrick. Mais l’offre des Flyers était plus attrayante surtout avec 3 millions de dollars de plus. Les Flyers avaient accepté de verser une somme de 15 millions de dollars, et cédaient également les joueurs Steve Duchesne, Kerry Huffman, le gardien Ron Hextall, Mike Ricci, les droits sur Peter Forsberg, plus les choix de première ronde en 1992 et 1993. Puis, Chris Simon devait être ajouté à la liste quand le juge Bertuzzi trancha en faveur des Flyers après que les Rangers eurent contesté la transactio­n.

CLARK CONTRE SUNDIN

On peut également penser à cette transactio­n concoctée entre Cliff Fletcher et Pierre Lacroix, transactio­n impliquant Wendel Clark, passant des Leafs aux Nordiques en retour de Mats Sundin. Outch…

C’est vrai que les transferts des joueurs sont moins nombreux maintenant en raison du plafond salarial, et c’est malheureux, mais la période du repêchage demeure tout de même une boîte à surprises. Imaginez un instant si Connor Mcdavid avait déclaré: «Non, je ne jouerai jamais pour les Oilers.»

 ??  ?? En 1991, Eric Lindros avait déclaré qu’il ne jouerait jamais avec les Nordiques en raison du fait que c’était un petit marché, que la ville était francophon­e et qu’il n’y avait pas un plan marketing à son image.
En 1991, Eric Lindros avait déclaré qu’il ne jouerait jamais avec les Nordiques en raison du fait que c’était un petit marché, que la ville était francophon­e et qu’il n’y avait pas un plan marketing à son image.

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