Le Journal de Quebec

TUÉE PENDANT QU’ELLE PARLAIT AVEC LE 911

La répartitri­ce a assisté en direct aux dernières minutes des victimes du triple meurtre de Trois-rivières

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Le deuxième adolescent impliqué dans le triple meurtre de TroisRiviè­res a reconnu sa culpabilit­é, hier, au palais de justice de cette même ville. «Coupable», a répété à six reprises, impassible, celui qui ne connaissai­t même pas les victimes. Le 11 février 2014, il a froidement assassiné deux soeurs et le copain de l’une d’entre elles dans une résidence de la rue Sicard avec un complice qui était âgé de 16 ans. En plus d’avoir prémédité la mort des victimes, les deux ados avaient aussi projeté de tuer la mère des deux filles ainsi que plusieurs policiers, d’où les six chefs de meurtres et complots pour meurtres. L’adolescent de 16 ans, qui était amoureux de la plus jeune des soeurs, avait quant à lui déjà plaidé coupable quatre mois après le drame. La Couronne a demandé qu’il reçoive une peine d’adulte pour ses crimes. La requête sera débattue dès lundi, pour une durée de trois semaines. Hier, la cour a rendu une ordonnance nous empêchant d’identifier les victimes.

Voici, en substance, le contenu de l’appel fait au 911 par la plus jeune des deux soeurs, le 11 février 2014, à 7 h 53. L’extrait est tiré de notes prises lors de l’écoute de l’enregistre­ment à la cour, au moment du plaidoyer de culpabilit­é de l’adolescent de 16 ans, l’an dernier. Nous préférons vous en avertir, il s’agit de paroles à glacer le sang qui pourraient en choquer certains.

Victime: (Énervée) «Allô, il y a deux personnes qui viennent d’entrer chez moi avec des fusils» (La répartitri­ce lui demande son nom. La jeune femme répond.)

Répartitri­ce: «Les connaissez­vous?»

Victime: (Plus calme) «Oui.»

Répartitri­ce: «Qu’est-ce qui se passe maintenant?»

Victime: «Je suis dans ma chambre.»

Répartitri­ce: «Garde la ligne, j’envoie les policiers. Les policiers sont en direction. Tu les connais les personnes?»

Victime: «Oui. Il y a [l’ado de 16 ans] et quelqu’un que je ne connais pas. Ma soeur est en bas avec eux.»

Répartitri­ce: «Il y a ta soeur aussi, quel est son nom? Elle a quel âge?»

Victime: «[Nom de la soeur aînée]. Elle a 22 ans.»

Répartitri­ce: «Pourquoi ils ont des fusils?»

Victime: «Je n’en ai aucune idée.»

Répartitri­ce: «De quoi ont l’air les fusils?»

Victime: «Des gros fusils. Il en pointe un sur moi en ce moment. Il me demande de descendre en bas. (Le jeune couple descend au salon.) (À l’ado de 16 ans) Pourquoi tu te pointes chez moi avec une arme? (Inaudible) Arrête, baisse ton arme.»

Répartitri­ce: [L’ado de 16 ans] est avec toi maintenant?»

Victime: «Oui»

Répartitri­ce: «Est-ce qu’ils ont l’air intoxiqués?»

Victime: «Aucune idée.»

Répartitri­ce: «Vous êtes où maintenant?»

Victime: «On est dans le salon avec les deux. On est cinq dans le salon.» (La soeur aînée pleure)

Répartitri­ce: «C’est [ta soeur aînée] qui pleure comme ça? Quand tu me parles, ils font quoi?»

Victime: «Ils pointent mon copain avec un fusil.»

Répartitri­ce: «Ton copain est là aussi?»

Victime: «Oui.»

Répartitri­ce: «Ils sont rentrés chez toi comme ça? Est-ce qu’ils ont fait mal à quelqu’un?»

Victime: «Non.» (Premier coup de feu. La plus jeune soeur crie pendant une dizaine de secondes. Deux autres coups de feu. Silence radio.) (La répartitri­ce l’interpelle à une dizaine de reprises, espérant vainement une réponse)

Répartitri­ce: (S’adressant à un collègue) «Ça a crié fort et elle ne me répond plus. [Nom de la plus jeune soeur]?»

Fin.

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