Le fugitif est coincé, mais pas attrapé
Des escouades tactiques, canines et aériennes sont déployées pour le retracer près de Malone
AGENCE QMI ET REUTERS | L’étau se resserre autour du fugitif encore vivant échappé de la prison de Dannemora, alors qu’il est encerclé par 1200 policiers près de la frontière canadienne.
La police de l’état de New York a déployé hier des escouades tactiques, canines et des unités aériennes pour mettre la main sur David Sweat, un meurtrier de 35 ans évadé depuis trois semaines.
Après avoir tué son complice Richard Matt vendredi, 1200 policiers ont installé un périmètre de 57 km2 dans lequel David Sweat est désormais encerclé. Il s’agit d’un secteur très boisé autour du lac Titus, situé entre la ville de Malone au nord et celle de Duane au sud, le long de la route 30.
CHASSE NOCTURNE
Hier, des policiers armés de fusils ont arrêté des voitures dans différents points de contrôle de la zone. Les résidents ont été évacués. À la tombée de la nuit, d’imposantes lumières halogènes ont illuminé les points de passage.
Les forces de l’ordre se sont aussi préparées à une chasse à l’homme nocturne en équipant leurs véhicules tout-terrain et leurs hélicoptères d’un matériel de vision infrarouge pour pouvoir repérer leur cible dans l’obscurité.
Malgré cet impressionnant dispositif, David Sweat était toujours en cavale hier soir. Et la tâche des enquêteurs risque de se compliquer à cause de la pluie, qui pourrait couvrir les traces du fugitif.
«Des pluies torrentielles arrivent, et c’est une chose contre laquelle nous nous battons depuis quelques semaines maintenant», a déclaré le shérif du comté de Clinton, David Favro, au New York Daily News. «Nous ne voulons pas que tout soit nettoyé.»
MORT OU VIF
Mais les choses sont également plus difficiles pour David Sweat depuis vendredi, quand les policiers ont abattu son complice Richard Matt.
Matt, 49 ans, avait été localisé près d’une cabane de chasseur dans le secteur de Malone. Des agents de la patrouille frontalière américaine l’ont abattu quand il a refusé d’obtempérer, selon le chef de la police de l’état de New York, alors qu’il était armé d’un fusil de chasse de calibre 20.
Le shérif du comté de Franklin, Kevin Mulverhill, a annoncé que c’est maintenant à David Sweat de décider s’il veut connaître le même sort.
«C’est à lui de choisir», a-t-il lancé au Daily News. «S’il veut se rendre aux forces de l’ordre, nous lui mettrons les menottes et le placerons en détention. S’il choisit de résister, alors le résultat sera différent.»
Mais le jugement du fugitif pourrait être passablement altéré en raison des conditions dans lesquelles il doit vivre depuis plusieurs jours, rappelle un ancien policier de la Sûreté du Québec, Jean-françois Brochu.
«Il n’a probablement pas dormi ou très peu, il est fort probablement malade, parce qu’il a dû boire de l’eau là où il en trouvait, a-t-il dit. Il est très certainement bien affaibli», analyse-t-il.
PATIENCE
Il est fort probable que les policiers tentent d’entrer en contact avec David Sweat pour le raisonner, croit M. Brochu.
«L’intérêt pour les autorités, c’est de le prendre vivant, pour avoir, peut-être, des détails sur ce qu’il s’est passé au pénitencier», ajoute-t-il.
Quoi qu’il en soit, les policiers devront s’armer de patience pour le capturer, pense M. Brochu. «Il est cerné, mais dans un très grand périmètre», résume-t-il.
Le shérif Mulverhill, pour sa part, a prédit hier une arrestation au plus tard dans les 48 heures.
« Je suis confiant, on va attraper Sweat», a-t-il lâché.
Sweat a été condamné à la perpétuité pour le meurtre d’un shérif adjoint en 2002. Matt, lui, purgeait 25 ans pour avoir torturé, tué et démembré son employeur en 1997.
AIDE
Deux employés de la prison de Dannemora les ont aidés à préparer leur spectaculaire évasion, qui n’est pas sans rappeler le film À l’ombre de Shawshank.