Le Journal de Quebec

Nulle part à l’abri

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e∫ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

France, Tunisie, Koweït. Une tête décapitée, un mitraillag­e sur une plage et un attentat suicide dans une mosquée. C’était un gros morceau de l’actualité internatio­nale il y a deux jours. On aimerait se dire surpris. Sauf qu’on ne l’est pas. L’islamisme radical a déclaré la guerre à ceux qui refusent de se soumettre à lui. Et particuliè­rement aux Occidentau­x, qui semblent incarner le mal. Non pas que tout soit concerté. Mais l’inspiratio­n est commune.

On s’habitue à la terreur sans s’y habituer. On s’y habitue parce qu’elle fait manifestem­ent partie de notre début de 21e siècle. Le rêve d’une paix définitive pour une humanité enfin réconcilié­e est de plus en plus clairement derrière nous. La guerre ne se mène plus seulement à l’ancienne. On ne s’y habitue pas parce que l’état islamique, qui représente une forme extrême de barbarie, ne cesse de repousser les limites de l’imaginatio­n pour nous horrifier.

On a tous vu ou entendu parler de ses plus récentes exécutions d’otages. On ne se contente plus de leur trancher la gorge méticuleus­ement ou de les jeter en bas d’immeubles. Trop simple. On les enferme dans une voiture sur laquelle on tire au lance-roquette. Ou encore, on les enferme dans une cage de fer et on les noie dans une piscine. Mieux encore: on leur attachera au cou un collier d’explosifs et on les fera sauter.

Les attentats du 26 juin, surtout ceux de France et de Tunisie, envoient un message clair. Personne n’est à l’abri, nulle part. Ce n’est pas seulement dans un désert lointain qu’on peut se faire décapiter et avoir sa tête accrochée à un grillage. C’est dans la banlieue de Lyon, en France. Yassin Salhi s’est transformé en terroriste. Au fond de nous-mêmes, nous savons bien que cela se reproduira en France ou ailleurs.

MESSAGE CLAIR

Quant aux attentats de Sousse, en Tunisie, ils envoient un message clair aux Occidentau­x: ne vous aventurez plus dans les pays où d’une manière ou d’une autre l’islamisme fait sentir sa présence. Vous serez reçus comme des envahisseu­rs et vous risquerez de recevoir une balle. À la plage ou au musée, vous serez une cible de choix et vous pourriez bien recevoir une giclée de balles. Ne vous y aventurez pas. Le message sera certaineme­nt entendu.

L’attentat au Koweït révèle un autre aspect de nos années troublées. Ce sont des musulmans qui ont tué d’autres musulmans. L’état islamique l’a revendiqué en expliquant qu’il frappait des hérétiques. Aujourd’hui, il y a une guerre civile au sein de l’islam pour savoir qui le représente vraiment, qui porte le mieux son étendard, qui le sert le mieux. Elle est meurtrière. La mouvance fondamenta­liste est prête à tout pour gagner.

Il ne s’agit pas de savoir lequel est le vrai et le faux. Cette discussion oiseuse appartient aux théologien­s. Je devine néanmoins qu’on peut écarter deux thèses: celle qui réduit l’islam à l’islamisme et celle qui dit qu’entre les deux, il n’y a absolument aucun rapport. Mais il appartient aux pays occidentau­x de savoir quels courants de l’islam ils favorisent, avec lequel ils «font affaire». Et de tout faire pour vaincre les psychopath­es de l’état islamique.

Ce n’est pas seulement dans un désert lointain qu’on peut se faire décapiter et avoir sa tête accrochée à un grillage

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