Nulle part à l’abri
France, Tunisie, Koweït. Une tête décapitée, un mitraillage sur une plage et un attentat suicide dans une mosquée. C’était un gros morceau de l’actualité internationale il y a deux jours. On aimerait se dire surpris. Sauf qu’on ne l’est pas. L’islamisme radical a déclaré la guerre à ceux qui refusent de se soumettre à lui. Et particulièrement aux Occidentaux, qui semblent incarner le mal. Non pas que tout soit concerté. Mais l’inspiration est commune.
On s’habitue à la terreur sans s’y habituer. On s’y habitue parce qu’elle fait manifestement partie de notre début de 21e siècle. Le rêve d’une paix définitive pour une humanité enfin réconciliée est de plus en plus clairement derrière nous. La guerre ne se mène plus seulement à l’ancienne. On ne s’y habitue pas parce que l’état islamique, qui représente une forme extrême de barbarie, ne cesse de repousser les limites de l’imagination pour nous horrifier.
On a tous vu ou entendu parler de ses plus récentes exécutions d’otages. On ne se contente plus de leur trancher la gorge méticuleusement ou de les jeter en bas d’immeubles. Trop simple. On les enferme dans une voiture sur laquelle on tire au lance-roquette. Ou encore, on les enferme dans une cage de fer et on les noie dans une piscine. Mieux encore: on leur attachera au cou un collier d’explosifs et on les fera sauter.
Les attentats du 26 juin, surtout ceux de France et de Tunisie, envoient un message clair. Personne n’est à l’abri, nulle part. Ce n’est pas seulement dans un désert lointain qu’on peut se faire décapiter et avoir sa tête accrochée à un grillage. C’est dans la banlieue de Lyon, en France. Yassin Salhi s’est transformé en terroriste. Au fond de nous-mêmes, nous savons bien que cela se reproduira en France ou ailleurs.
MESSAGE CLAIR
Quant aux attentats de Sousse, en Tunisie, ils envoient un message clair aux Occidentaux: ne vous aventurez plus dans les pays où d’une manière ou d’une autre l’islamisme fait sentir sa présence. Vous serez reçus comme des envahisseurs et vous risquerez de recevoir une balle. À la plage ou au musée, vous serez une cible de choix et vous pourriez bien recevoir une giclée de balles. Ne vous y aventurez pas. Le message sera certainement entendu.
L’attentat au Koweït révèle un autre aspect de nos années troublées. Ce sont des musulmans qui ont tué d’autres musulmans. L’état islamique l’a revendiqué en expliquant qu’il frappait des hérétiques. Aujourd’hui, il y a une guerre civile au sein de l’islam pour savoir qui le représente vraiment, qui porte le mieux son étendard, qui le sert le mieux. Elle est meurtrière. La mouvance fondamentaliste est prête à tout pour gagner.
Il ne s’agit pas de savoir lequel est le vrai et le faux. Cette discussion oiseuse appartient aux théologiens. Je devine néanmoins qu’on peut écarter deux thèses: celle qui réduit l’islam à l’islamisme et celle qui dit qu’entre les deux, il n’y a absolument aucun rapport. Mais il appartient aux pays occidentaux de savoir quels courants de l’islam ils favorisent, avec lequel ils «font affaire». Et de tout faire pour vaincre les psychopathes de l’état islamique.
Ce n’est pas seulement dans un désert lointain qu’on peut se faire décapiter et avoir sa tête accrochée à un grillage