Quel est le problème de Justin Trudeau ?
Plusieurs auront remarqué la longue descente du Parti libéral dirigé par Justin Trudeau dans les intentions de votes des Canadiens depuis la dernière année. Après avoir atteint 40% en août dernier, le PLC pointe désormais en troisième position à 24%. Loin d’être attribuable à un événement particulier, cette perte de confiance de l’électorat semble être beaucoup plus structurelle. Or, pourquoi est-ce le cas?
Certains diront que Justin Trudeau n’a pas été en mesure de se démarquer par des idées originales. Certes, ce dernier n’a pas proposé la thèse «d’une société juste» comme l’avait jadis fait son père. Toutefois, il ne fait pas exception à cet égard. Thomas Mulcair n’a pas non plus proposé une vision du bien commun explicite.
Ce dernier se contente plutôt de taper sur le clou du changement. En fait, force est d’admettre que Justin Trudeau s’est commis sur des questions d’importance, notamment sa proposition d’une réforme des institutions démocratiques du pays.
Par rapport à ses adversaires, il n’a pas à rougir de ses propositions législatives et les accusations selon lesquelles il serait un politicien sans substance relèvent davantage de la fiction que de la réalité. Toutefois, malgré le fait que ses promesses soient remplies de bonnes intentions, force est de se demander pourquoi de plus en plus de Canadiens ont malgré tout choisi d’abandonner le navire libéral depuis la dernière année.
Contrairement à Stephen Harper et à Thomas Mulcair, Justin Trudeau ne s’est pas illustré par son leadership. Les sondages sont clairs à ce sujet. Alors que ses adversaires sont perçus par les Canadiens comme ayant ce qu’il faut pour prendre des décisions importantes, Justin Trudeau se démarque plutôt par des aptitudes de nature bien différente.
Sa décision d’accueillir à bras ouverts avec fanfare et trompettes la controversée transfuge conservatrice Eve Adams dans son équipe a fait douter plusieurs du bon sens d’un probable futur premier ministre canadien. Il en va de même de sa déclaration à l’effet qu’il est essentiel que le Canada ait comme priorité, dans le cadre du conflit syrien, de faire parvenir des vêtements chauds aux populations victimes de la guerre ou encore celle voulant que les budgets s’équilibrent par eux-mêmes, sans oublier évidemment celle sur l’exemplarité du système politique chinois.
Dans les circonstances, il y a fort à parier que la nouvelle publicité conservatrice affirmant que Justin Trudeau n’est tout simplement pas prêt à devenir premier ministre sera pour le chef libéral une véritable torture de la goutte d’eau jusqu’au 19 octobre prochain.
Jean-françois Caron, politologue