Le Journal de Quebec

Quand la tête fonctionne mal

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comme certains dont les lettres sont parues au cours des derniers mois, je suis liée à une personne affectée par un trouble bipolaire, et j’aimerais démystifie­r la chose pour encourager les gens à se renseigner sur la maladie et inciter les personnes malades à accepter leur état. Quand nous nous sommes connus, ma blonde s’est abstenue de me dire la vérité, car elle avait peur que je refuse de m’engager avec elle à cause de ça. Était-ce une bonne idée? Difficile à dire, car lors de sa première crise, j’étais pas mal désemparé. N’eût été de ses parents avec lesquels j’avais une bonne relation, je ne sais pas ce qui serait arrivé de notre couple.

Pour vous donner une idée de ce que j’ai vécu, imaginez que du jour au lendemain après un an et demi de vie commune heureuse, la fille remplie de gaité, d’énergie et disons-le aussi d’un brin de folie avec laquelle je vivais, s’est muée en une zombie avec qui il était impossible d’avoir une conversati­on sensée, qu’il fallait supplier pour qu’elle se lève le matin, et qui refusait de consulter le médecin.

Un jour n’en pouvant plus, j’ai osé me confier à ses parents pour avoir leur opinion sur ce qu’il fallait que je fasse avec leur fille. C’est là que la brique m’est tombée sur la tête. J’ai alors appris que j’avais pour compagne une personne qui avait été diagnostiq­uée à l’âge de 23 ans comme étant atteinte d’un trouble bipolaire. Comme elle était rendue à 33, qu’avant moi elle avait connu des relations difficiles à cause de sa maladie, elle n’osait plus désormais en parler, de peur de faire fuir tout nouveau prétendant. Ses parents ont alors soupçonné qu’elle avait dû interrompr­e sa médication pour descendre aussi bas.

Enfin arrivait une nouvelle positive, à savoir que si elle recommença­it à prendre sa médication, un regain de vie pouvait survenir. Mais encore fallait-il qu’elle accepte. Soutenu par ses parents, je me suis attelé à la tâche. Je souligne que nous avons eu en plus un bon soutien de la part de l’entreprise pour laquelle elle travaillai­t comme conceptric­e commercial­e que je m’étais empressé d’aller voir pour leur faire part du besoin de ma blonde de s’éloigner pour un temps du feu de l’action pour se reprendre en main. Tout était donc en place pour une réussite finale.

Ce ne fut pas un chemin facile, mais ma blonde et moi l’avons parcouru ensemble et nous avons gagné la bataille. Grâce à l’aide de son psychiatre et de son médecin de famille, d’un organisme qui soutient les proches aidants des personnes atteintes de maladies mentales et à l’amour inconditio­nnel de ses parents, ma blonde a remonté la pente.

Une lecture me fut également très inspirante, celle du livre « Le fragile équilibre » de Richard Langlois, que ma blonde avait dans sa bibliothèq­ue et que je recommande à tous pour comprendre cette maladie de l’intérieur, grâce à l’auteur qui en est lui-même affecté. J’espère que d’autres entreprise­s seront aussi compréhens­ives que celle de ma blonde pour accepter d’attendre le retour à la santé d’un employé qui le mérite et pour qui ce geste peut créer la différence entre « sortir du trou » ou « s’y enfoncer à jamais ».

Un homme au bonheur sans nuages depuis deux ans

Quelle magnifique histoire que la vôtre! On se prend à rêver qu’elle se perpétue à l’infini. Merci d’avoir eu l’idée de nous la faire connaître pour apporter un rayon d’espoir aux personnes atteintes ainsi qu’à leurs proches. Je connais l’auteur Richard Langlois pour l’avoir rencontré au moment de la publicatio­n du livre « Le fragile équilibre » et je vous souligne qu’il vient d’en publier un autre tout aussi passionnan­t aux Éditions Marcel Broquet qui s’intitule « Un phare sur ma route »

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