Le Journal de Quebec

Les prêts en 24h ont la cote

Un emprunt de 500 $ pourra coûter jusqu’à 250 % en intérêts

- Denise proulx

Les entreprise­s qui prêtent des petites sommes d’argent en 24 h ont le vent dans les voiles au Québec. Sans cadre juridique précis pour contrôler leurs affaires, elles prêtent leur argent à des taux exorbitant­s, sans être embêtées par aucune réglementa­tion ou organisme de surveillan­ce.

Argent a découvert qu’une vingtaine de ces entreprise­s de prêt d’argent rapide s’affichent ouvertemen­t sur le web. S’identifian­t comme des entreprise­s de courtage en crédit personnel, elles offrent d’obtenir entre 350 $ et 1000 $ en 24 h.

Pour obtenir un prêt de 500 $, le client ne sera pas soumis à une enquête de crédit. Il sera obligé de fournir son numéro d’assurance sociale, des talons de chèque, son numéro de compte bancaire.

L’entreprise lui remettra la somme désirée par dépôt direct et puisera elle- mêmesesr embourseme­nts dans le compte pendant une période habituelle de trois mois, à un taux d’intérêt avoisinant 32 %. Elle prélèvera également des frais de courtage minimum de 220 $, ce qui fait qu’au final, l’emprunt de 500 $ coûtera près de 250 % en intérêts.

BLANCHIMEN­T D’ARGENT ?

Qui sont ces entreprise­s qui pratiquent le prêt rapide, souvent sous plusieurs appellatio­ns différente­s? D’où vient leur argent?

«On n’a aucune idée d’où provient cet argent et je ne pense pas que quelqu’un s’intéresse à cette question», affirme Charles Tanguay, porte-parole de l’office de protection du consommate­ur (OPC).

«Toutes les hypothèses de blanchimen­t d’argent sont bonnes, il faut juste les prouver», renchérit l’analyste Michel Picard.

Argent a constaté, en effet, qu’outre L’OPC, personne ne connaît bien leurs activités ni ne s’en soucie réellement.

«Ces entreprise­s ne sont pas sous notre juridictio­n, puisqu’elles n’encaissent pas de retour surleurs investisse - ments», déclare Sylvain Théberge, de l’autorité des marchés financiers.

Non-membres de l’associatio­n des banquiers canadiens, elles ne sont pas sujettes, non plus, à investigat­ion de sa part. Même indifféren­ce du côté du Bureau du surintenda­nt des institutio­ns financière­s (BSIF) qui dit ne se préoccuper que des entreprise­s réglementé­es par le gouverneme­nt fédéral.

«C’est un dossier qui ne prend pas beaucoup d’importance dans les gouverneme­nts, car ce n’est pas illégal de prêter de l’argent, même si ce sont les plus démunis qui utilisent ces sources de prêts», analyse de son côté Michel Picard, analyste en crimes économique­s.

UN PROJET DE LOI À VENIR ?

Pour encadrer ce genre de pratique, le Parti québécois avait déposé en 2013 le projet de loi 24, mort au feuilleton avec le déclenchem­ent des élections. Depuis, le bureau de la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a confié à L’OPC le travail de le réactualis­er.

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On peut emprunter entre 350 $ et 1000 $ en quelques clics. Une loi pourrait venir encadrer ces activités è l’automne,

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