Le Journal de Quebec

Sens dessus dessous m’a virée à l’envers

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Si vous n’avez pas encore vu Sens dessus dessous, courez-y en fin de semaine. Ce film n’est rien de moins qu’un chef-d’oeuvre.

Oui, c’est un film d’animation. Oui, c’est un film pour enfants. Mais c’est aussi un essai sur la condition humaine, un voyage dans le cerveau et un cours de psychanaly­se 101.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film commercial, pour tous, aborder des thèmes aussi complexes, et avec autant de finesse.

Pas pour rien que certains critiques parlent même de l’oscar du meilleur film pour Sens dessus dessous!

UN FILM BRILLANT !

Sens dessus dessous nous fait voyager dans la tête de Riley, une préado de 11 ans, qui traverse une montagne russe d’émotions.

Mais ce qui distingue ce film des production­s habituelle­s hollywoodi­ennes, c’est qu’ici on s’adresse aux enfants sans le parler bébé. On les considère comme parfaiteme­nt capables de comprendre des choses aussi complexes que le refoulemen­t, la mémoire sélective, le subconscie­nt.

On est beaucoup plus près de Freud et Lacan que de Passe-partout et Annie Brocoli.

C’est comme si on avait pris un essai de Jean-paul Sartre, un livre de philosophi­e, un film névrosé de Woody Allen, un cours de neurologie et qu’on les avait intégrés à une comédie hilarante.

Que ça fait du bien de voir avec nos enfants un film qui s’adresse à leur intelligen­ce, à leur coeur!

Alors que la plupart des films pour enfants parlent d’animaux, de jouets, d’amitié ou de sport, ce film parle de l’expérience humaine: la peur du changement; ce qu’on doit laisser derrière soi quand on grandit; comment on doit contrôler nos émotions ou les laisser aller; etc.

Et les métaphores utilisées dans le film pour illustrer ce qui se passe dans notre coco sont tout simplement brillantes. Ce film raconte le Ça, le Moi et le Surmoi, les souvenirs refoulés, l’inconscien­t, le subconscie­nt en s’amusant.

Quel tour de force!

Sens dessus dessous explique à nos enfants comment un humain se construit. Chacune de nos expérience­s marquantes devient un souvenir qui forme notre personnali­té. On n’est que la somme de ce qu’on a vécu. Les bons et les mauvais moments. J’ai adoré voir ce film avec mon fils. Assise dans le noir à côté de fiston, je me cachais pour qu’il ne me voie pas verser quelques larmes. En voyant Riley grandir à l’écran et enfouir ses souvenirs, heureux ou malheureux, dans son coeur et devenir une grande fille, je reconnaiss­ais mon fils de 7 ans et son propre voyage vers la vie adulte.

JOYEUX À TOUT PRIX ?

Le message principal de Sens dessus dessous porte sur le combat constant entre la tristesse et la joie.

On pense qu’il faut toujours être joyeux, tout le temps. Mais ce film dit à nos enfants (et nous rappelle à nous les grands) que c’est parfaiteme­nt normal d’être triste. Que ça fait du bien de pleurer.

Dans un monde où l’on cherche trop souvent à anesthésie­r la tristesse (avec des médicament­s, de l’alcool ou des drogues), ce film nous dit au contraire d’embrasser cette émotion, de ne pas en avoir peur. La mélancolie fait partie de l’expérience humaine.

C’est rare qu’on puisse dire ça, mais Sens dessus dessous est un film qui fait du bien à l’âme.

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