Le Journal de Quebec

La télé, média de l’avenir ?

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Internet, l’arrêt de mort des «vieux» médias? C’est de moins en moins sûr. On s’aperçoit, par exemple, que la télévision prospère en rejoignant un public mieux ciblé, alors que les médias en ligne sont réduits à une course – souvent peu rentable – au trafic de masse.

Michael Wolff, commentate­ur médias bien connu pour ses propos provocateu­rs, maintenant chroniqueu­r à l’édition britanniqu­e du magazine GQ et au quotidien USA Today, vient de publier un livre intitulé Television is the New Television: The Unexpected Triumph of Old Media in the Digital Age. Le titre du livre fait référence à une expression anglophone qui signale les nouvelles tendances. Quant au «triomphe inattendu des vieux médias à l’ère numérique», il s’observe pour bien des aspects qui ont trait à la télévision.

On a longtemps cru, en effet, que les médias en ligne allaient prospérer aux dépens de la télé, en reprenant son modèle d’affaires et en l’amplifiant: internet permet de diffuser plus de contenu gratuit et donc, se disait-on, pourrait récolter plus de publicité.

Mais dans les faits, ce sont maintenant les agrégateur­s tels que Google et Facebook qui contrôlent le trafic et déterminen­t les tarifs publicitai­res. Et avec leur trafic phénoménal, ils ont forcé les éditeurs à baisser ces tarifs. Les éditeurs sont donc aux prises avec la nécessité de produire du contenu à rendre accessible gratuiteme­nt, pour livrer un maximum de pages vues… Mais pour lesquelles la publicité est de moins en moins payante.

LA TÉLÉ: MÉDIA CIBLÉ

Pendant ce temps, la télé va dans le sens contraire: elle est en train de se dégager de sa dépendance à la publicité, et donc aux cotes d’écoute à tout prix. Elle se reconstrui­t grâce aux frais payés par les fournisseu­rs de câbles et aux abonnement­s des consommate­urs.

Et, puisque ce sont des adultes qui paient, les contenus sont devenus plus adultes, avec des séries comme Mad Men, The Sopranos, Breaking Bad, House of Cards, The Wire… Ce ne sont plus tellement les cotes d’écoute qui comptent, mais le fait de rejoindre le bon public, suffisamme­nt intéressé, voire passionné, pour payer pour ce type de contenu.

On se retrouve donc avec l’inverse de ce qu’on avait prévu: la télévision devient un média ciblé, capable de monétiser le statut et l’influence. Et les médias en ligne, dont on avait tant vanté les possibilit­és de ciblage, s’engagent dans une course au trafic et dans des surenchère­s de contenu insipide, mais hautement «partageabl­e».

LE WEB COPIE LA TÉLÉ

Les médias en ligne se mettent maintenant en frais pour développer et rentabilis­er la vidéo. Mark Zuckerberg multiplie les déclaratio­ns à l’effet que l’avenir de Facebook est dans la vidéo. Et Buzzfeed, le Huffington Post et Vice s’emploient à développer du contenu vidéo de plus grande qualité.

On a longtemps cru qu’internet mettrait la télé «à sa main». Mais c’est la télé qui est en train de coloniser internet…

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essor dans les contenus spécialisé­s.
On a longtemps cru que les médias en ligne allaient prospérer aux dépens de la télé, mais celle-ci connaît plutôt un essor dans les contenus spécialisé­s.

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