Le Journal de Quebec

L’incroyable idylle entre Frida Kahlo et Léon Trotski

Considéré comme l’un des grands spécialist­es de Frida Kahlo, le romancier français Gérard de Cortanze s’est intéressé à l’idylle passionnée entre cette grande artiste mexicaine et le révolution­naire russo-soviétique Léon Trotski dans un roman aussi sensue

- MARIE-FRANCE BORNAIS

En janvier 1937, Frida Kahlo n’a pas encore 30 ans et le couple qu’elle forme avec le peintre Diego Rivera bat de l’aile. Revenue d’une fugue à New York, elle est au bord du gouffre lorsqu’un événement imprévu vient bouleverse­r sa vie: l’arrivée du Russo-soviétique Léon Trotski dans un Mexique postrévolu­tionnaire en pleine ébullition.

Entre eux, c’est l’amour fou. Une passion dévorante, folle. Trotski lui donne des rendez- vous secrets , s’en fuit avec elle dans hacienda, lui glisse des billets doux dans les livres qu’il lui offre. Ce sera son dernier amour: il sera assassiné à Mexico sur ordre de Staline par un agent du NKVD.

«Première fois»

«C’est la première fois qu’il y a un roman entier sur leur idylle», explique le romancier, qui fréquentai­t beaucoup les milieux latino-américains dans les années 70. «Mes amis d e l’époque s ’ appelaient Carlos Fuentes, Julio Cortázar, Mario Vargas - Llosa , Alfredo Bryce Eche - nique... enfin, tous ces grands noms de la littératur­e hispanique ou latino-américaine. Et le premier à me parler de Frida Kahlo, c’était Carlos Fuentes. Très jeune — en 1953 —, il l’avait vue à Mexico. Il avait assisté à une pièce de théâtre et, me disaitil, le spectacle n’était pas sur scène: il était à la loge, au premier étage, où il y avait une statue aztèque avec ses bijoux, une robe particuliè­re, son visage, son chignon, son maquillage, ses bracelets. Et c’était Frida Kahlo.»

Gérard de Cortanze souhaitait depuis des années écrire davantage sur cette artiste et plonger dans l’extraordin­aire histoire d’amour quia uni Frida Kahlo et Léon Trotski.

Le révolution­naire a été accueilli au Mexique par Diego Rivera. «Ça fait 10 ans que Trotski est mis à la porte de tous les pays qui l’accueillen­t et, enfin, il trouve une terre pa- radisiaque. Et il fait l’amour avec la femme du type qui le sauve. C’est pas très politiquem­ent correct , donc on n’en parle pas beaucoup! Mais c’est à tort parce que les deux ont dit que c’était un événement essentiel dans leur vie. Pour Trotski, c’est sa dernière grande histoire d’amour.»

Coup de foudre

Leur histoire a duré six mois. Six mois d ’ a mour pendant les quels Frida Kahlo a peint énormément de toiles. «C’était une période très féconde et très importante pour elle.»

Qu’est-ce qui a pu déclencher ce coup de foudre? Frida Kahlo, après avoir survécu à un terrible accident et subi de nombreuses opérations, a la rage de vivre. «Elle vit en créant — elle est peintre. Elle vit en faisant l’amour et elle vit en s’engageant politiquem­ent. Donc, il y a une soif d’existence chez elle. [...] Son appétit de vie se retrouve partout: elle adore faire la cuisine, elle picole, elle fait des jeux de mots tout le temps , elle aime danser, elle chante. Elle est en permanence à la recherche d’une autonomie financière, sexuelle, économique. C’est une sorte de suffragett­e ava n t l’heure.»

Elle a craqué pour Léon Trotski et lui pour elle. «Je voulais qu’on parle de ce Trotski qui est poursuivi par les tueurs de Staline, qui n’a plus le pouvoir qu’il avait avant, mais qui a un charisme énorme. Frida est une séductrice qui est aussi séduite par Trot s ki . Leur histoire est é phémère, mais absolument torride.» >> Gérard de Cortanze, auteur de nombreux livres sur le monde hispanique et l’amérique latine, est considéré comme l’un des grands spécialist­es de Frida Kahlo.

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