Pour un accès aux plans d’eau pour tous
Mon défunt père se faisait une joie de séjourner sur la Côte-nord tous les printemps et lorsque le budget familial le permettait, il y retournait à la fête du Travail. Il m’a transmis la passion de la pêche, en plus de m’initier au bonheur de se retrouver sur l’eau et dans la nature.
Travaillant comme journalier dans une manufacture de crayons, gagnant un peu plus que le salaire minimum, il réussissait malgré tout à économiser suffisamment d’argent pour se payer quelques voyages de pêche par été.
UN SIMPLE LOISIR ACCESSIBLE À TOUS
Au début, nous avions un bateau pneumatique, payé 200 $, avec un petit moteur électrique.
En économisant un peu plus, mon père s’est procuré un canot et un moteur de 1,75 force. Quand Labrieville est devenue une ZEC, les maigres économies ne suffisaient pas à payer pour les tarifs quotidiens, mais nous pouvions toujours pêcher en territoire libre dans cette région.
J’ai pris la relève de mon père et j’ai initié mon fils et mon filleul à la pêche. Malheureusement, avec l’augmentation du prix de l’essence, j’ai dû laisser tomber les voyages sur la Côte-nord et j’ai commencé à pêcher dans la région de Montréal. C’est là que j’ai pris conscience de la difficulté de trouver des débarcadères accessibles aux non-résidents à proximité de mon domicile.
Il y a environ cinq ans, je suivais des groupes de pêcheurs qui se donnaient rendez-vous sur différents débarcadères. Un week-end, nous étions à Châteauguay, l’autre à Pointe-aux-trembles, Repentigny ou Varennes. Ne pouvant tout simplement plus assumer les frais de 20 $/jour, ou 600 $ annuellement, par débarcadère, plusieurs ont cessé ces sorties de groupe.
DES PRIX PROHIBITIFS
J’habite Laval et c’est encore gratuit pour moi sur deux rivières. Mais qu’arrive-t-il aux gens qui habitent une ville comme Sainte-julie, qui est voisine de Varennes, une municipalité qui impose aux non-résidents une tarification de 600 $ par année?
Même si c’est gratuit à l’île Charron, le fort achalandage les découragera et ils devront soit parcourir de longues distances ou abandonner cette activité.
Lorsque je visitais les débarcadères en périphérie de Montréal, je voyais des embarcations de fortune utilisées par de adolescents qui rêvaient d’atteindre leur spot de pêche tant convoité, des couples qui remorquaient une chaloupe avec une toute petite voiture pour passer du temps sur l’eau et taquiner les poissons, des «chums de pêche» qui se retrouvaient sur l’eau, des grands-pères et des familles qui veulent passer du temps sur l’eau.
Avec des tarifications de 500 $ ou 600 $ annuellement, ce que je vois dans les stationnements à moitié vides, ce sont de grosses remorques vides tirées par de gros camions et des VUS de luxe.
POUR UN ACCÈS LIBRE À L’EAU
J’aimerais dire aux maires, mairesses, conseillers, conseillères et aux résidents qui se plaignent d’un manque de stationnement l’après-midi que vous brisez le rêve de milliers de familles, d’adolescents, de couples, de grands-pères qui ont juste assez d’argent dans leur budget pour pêcher en zone urbaine. Ces cours d’eau nous appartiennent!
Monsieur Couillard, messieurs Moreau et Lessard, quand allez-vous avoir les couilles de René Lévesque qui, en 1977, a aboli les clubs privés et offert une chance égale à la population de chasser ou de pêcher? Les villes nous ramènent à l’époque des clubs privés et une minorité de Québécois ont l’exclusivité des débarcadères de bateau.
Monsieur Couillard, pour des milliers de familles, d’adolescents, de grands-pères et de chums de gars, la pêche sportive en embarcations peut-être pratiquée à un coût modeste pourvu que nous ayons accès à nos lacs, rivières et fleuve.
S’il vous plaît, rendez-nous notre rêve.
Stéphan Bourgeois, président Association des pêcheurs sportifs du Québec