Comprendre avec les mains et le toucher
Comment une personne aveugle qui parle et entend peut-elle entrer en communication avec un individu sourd et aveugle? Grâce à Marie Boulet, interprète gestuelle tactile.
Désireuse depuis toujours de venir en aide aux personnes «différentes», Marie Boulet a eu la possibilité d’apprendre la langue des signes à la fin des années 1980, alors qu’elle travaillait dans un centre de jour pour personnes sourdes.
«J’ai eu un coup de foudre. Je suis tombée en amour avec la façon de parler, de comprendre la culture des personnes sourdes, qui n’est pas du tout la même culture que nous. J’ai le frisson juste à en parler! J’ai aimé ça», avance la dame, dont aucun proche n’est atteint de surdité.
INTERPRÈTE
Marie Boulet a voulu pousser son savoir plus loin en apprenant l’interprétation tactile, qui permet de communiquer avec les personnes sourdes et aveugles. Pour comprendre, la personne sourde et aveugle s’assoit face à son interprète, genou à genou, et place ses mains sur les siennes. C’est comme ça qu’ils communiquent.
«En langue des signes, ily a plusieurs mouvements qui sont accompagnés d’expressions faciales. Souvent, c’est le mêmesigne, mais l’expression du visage change. Cependant, les aveugles ne le voient pas, explique Mme Boulet. En tactile, la personne nous touche les mains pour comprendre. Elle va poser les mains sur moi, légèrement. Je dois décrire gestuellement, par les mains et les doigts, l’expression du visage.»
À TROIS
Marie Boulet utilise actuellement cette technique avec l’un de ses clients, sourd et aveugle, qui suit des cours d’informatique pour apprendre à maîtriser un logiciel en braille, avec une formatrice… aveugle.
«Elle, elle parle au client. Moi, j’interprète tactilement au client, parce qu’il n’entend pas et ne voit pas. Lui, il me répond en langue des signes. Puis je dis à voix haute ce qu’il exprime à sa formatrice. On fonctionne àtrois » , r é - sume-t-elle.
QUOTIDIEN
L’interprète accompagne aussi les personnes sour des dansleur quoti-dien, pour leur permettre de mener une vie «normale» malgré leur handicap. Elle est requise pour un rendezvous chez le médecin, une course au magasin, une r e ncontr e de parents , une remise de bulletin, un emprunt hypothécaire, etc. «Toutes nos consommations de vie quotidienne, on les retrouve quand on a à travailler comme interprète», termine-t-elle.