Le Journal de Quebec

Ils traquent les cyberpédop­hiles

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OTTAWA | Une quinzaine d’agents de la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) traquent les pédophiles partout dans le monde et «jusque dans les recoins les plus sombres d’internet».

La plupart des corps policiers d’importance ont leur escouade consacrée aux crimes sexuels sur internet. La GRC, de son côté, est dotée d’un centre de coordinati­on qui reçoit les plaintes, nationales ou internatio­nales, et qui transfère les dossiers aux juridictio­ns locales. Et elle enquête.

Le gros du travail est concentré dans un immeuble très quelconque de la banlieue d’ottawa, que Le Journal a visité. À l’entrée, le «mur de la renommée» du Centre national de coordinati­on contre l’exploitati­on des enfants ne laisse pas de doutes sur ce qu’on fait ici. Sur des fiches illustrant des menottes, on lit : M. Untel , arrêté, condamné. Sur d’autres, décorées d’une étoile, on voit «trois petites filles sauvées».

En dehors des considérat­ions morales et des délinquant­s sexuels envoyés en prison, «l’essentiel, ce sont les enfants», insiste Marc Franche, sous-officier responsabl­e des opérations au Centre. «Ça fait 26 ans que je suis à la GRC et je n’ai jamais vu un groupe aussi dédié à l’ouvrage.»

Ce dernier s’occupait de drogues avant, mais ce n’est pas pareil: les délinquant­s trouvent toujours un plan B et le trafic continue. Mais dans ce domaine, quand un enfant est libéré, en principe, c’est pour de bon.

DES FICHIERS À LA TONNE

La GRC garde tout dans sa banque d’images catégorisé­es. Il y en a «des téraoctets, je ne peux même pas de dire combien», indique M. Franche. Dans les ordinateur­s de suspects, les policiers trouvent d’ailleurs des collection­s de plus en plus imposantes.

Les agents doubles de la GRC qui infiltrent les réseaux de pédophiles notent que plusieurs d’ent re eux connaissen­t parcoeur le urban que d’image et qu’ils sont assoiffés de nouveauté.

Il faut rester à jour, et même au-delà, afin de traquer les pédophiles «jusque dans les recoins les plus sombres d’internet», explique Arnold Guérin, au Centre à Ottawa. La GRC utilise la technologi­e Photo DNA (ADN), développée, entre autres, par Microsoft, pour identifier les photos de pornograph­ie juvénile.

Avant, le moindre changement dans une image (changement de format, de cadrage) la rendait complèteme­nt différente aux yeux des ordinateur­s. Maintenant, Photo DNA analyse les images et attribue à chacune une signature numérique qui permet de dégager des coefficien­ts de similitude entre deux photos.

Bref, on peut détecter la porno juvénile et trouver les images similaires beaucoup plus efficaceme­nt depuis trois ou quatre ans. Après une saisie, le matériel est croisé avec la banque d’images de la GRC, avec l’aide de Photo DNA, pour ne pas perdre de temps à analyser les images qui sont déjà connues.

Après les saisies au Canada, la GRC informe les pays où pourraient se trouver les agresseurs et les victimes et les autres pays font de même avec le Canada. Le Canada s’est récemment joint à Europol pour faciliter les échanges d’informatio­ns avec ce regroupeme­nt de pays européens.

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