Un manque de maturité

J’étais à l’extérieur du Québec lors de la Journée des femmes. De là où j’étais, c’était un peu pénible de nous voir débattre sur le sens d’un mot qui occupe notre espace public depuis des décennies.

En sommes-nous encore à établir des concepts ou pouvons-nous enfin parler d’enjeux qui touchent directement la moitié moins privilégiée de l’humanité?

ÉGALITÉ

La ministre de la Condition féminine a lancé, sans s’y attendre, la plus longue discussion pré 8 mars que le Québec ait connue. Pas tant coupable de s’être désolidarisée des femmes que d’avoir affiché son ignorance sur un concept de base.

La ministre de la Justice a fait pire, disant ne pas vouloir s’associer à une perception selon laquelle ce mouvement viserait la domination de la femme sur l’homme.

Ce sont les détracteurs du féminisme qui le décrivent ainsi. Ceux qui y adhèrent recherchent une égalité qui fait encore défaut.

Pour accepter ce postulat, suffit d’aller visiter un magasin de jouets. On y constate aisément que notre société ne prépare pas ses filles au même destin que ses fils.

SÉRÉNITÉ

Les gens qui ne reconnaissent pas l’inégalité entre les hommes et les femmes aiment bien dépeindre celles qui la dénoncent comme des personnes frustrées, l’écume à la bouche, les yeux injectés de sang. Ce n’est pourtant pas comme s’ils se faisaient eux-mêmes remarquer par la sérénité de leurs propos.

Visitant Israël, il y a quelques années, je constatais que nous étions chanceux d’évoluer dans un débat politique modéré. Chez nous, les concepts étaient clairs.

Je n’en suis plus aussi sûr. Que la définition d’un terme si simple nous divise témoigne d’une maturité qu’il nous reste à acquérir.

Dans une discussion publique où, de plus en plus, celui qui insulte ou définit son adversaire en lui apposant des étiquettes se croit dispensé d’argumenter, cela n’a rien de rassurant.