La Grèce tente de s’organiser après la fermeture de la route des Balkans
ATHÈNES | Après la fermeture de la route des Balkans, la Grèce tente désormais de convaincre les quelque 40 000 réfugiés bloqués sur son territoire de gagner les centres d’accueil répartis dans le pays, et de jouer le jeu d’une répartition ordonnée dans l’union européenne.
La première préoccupation du gouvernement est d’éviter que la situation ne dérape à la frontière nord avec la Macédoine, bouclée depuis lundi, où près de 14 000 personnes, selon les autorités locales, continuaient à s’entasser dans des conditions précaires. Mais dans l’attente de la concrétisation du dernier plan européen prévoyant un tarissement des flux au départ de la Turquie, l’enjeu est aussi d’accélérer la répartition des réfugiés au sein de L’UE.
La Grèce veut éviter de se voir imputer l’échec de ce programme, qui prévoit la relocalisation sous deux ans d’un total de 160 000 réfugiés arrivés sur son territoire et en Italie, mais se heurte pour le moment aux réticences de nombre d’états membres.
SEULEMENT 583 PLACES
Seules 583 places ont jusque-là été allouées, ce qui ne contribue pas à motiver les intéressés déjà refroidis par la perspective de ne pas pouvoir choisir leur pays d’accueil.
Par le biais des campagnes d’information menées à la frontière macédonienne et au Pirée, 600 km plus au sud, où de nouveaux arrivants débarquent tous les jours, «nous essayons de convaincre les gens de gagner les centres d’accueil où des conditions de vie humaines leur sont offertes», a expliqué sur la radio Alpha le secrétaire d’état à l’intérieur, Yannis Balafas.
Venus de Turquie en passant par les îles grecques «les gens continuent d’arriver» et les autorités «s’emploient à les répartir et à créer de nouvelles structures d’accueil», a-t-il ajouté.
Selon le centre de coordination mis en place par le gouvernement, quelque 1400 nouvelles arrivées ont été comptabilisées sur les îles ces dernières 24 heures, en dépit des engagements turcs auprès de L’UE à renforcer la lutte contre les passeurs.
35 945 PERSONNES BLOQUÉES
Ce centre dénombrait hier à la mi-journée 35 945 personnes bloquées sur le territoire grec, dont 8550 «à l’intérieur» du campement d’idomeni, à la frontière avec la Macédoine. Mais le décompte des autorités locales à la frontière portait ce total à plus de 40 000 dans toute la Grèce.
Soit bien plus que les actuelles capacités d’accueil, chiffrées au maximum à 28 450 places par le gouvernement, qui s’est du coup engagé à en créer 17 400 nouvelles d’ici la fin de la semaine. Quelque 20 000 places supplémentaires doivent aussi être fournies par un programme de location d’appartements piloté par le Haut Commissariat aux réfugiés de L’ONU.
Si le gros de l’intendance, confiée à l’armée, est désormais assuré dans les structures existantes, reste à fournir des conditions de vie décentes dans la durée, et à éviter que l’hospitalité dont jusque-là les Grecs ont fait preuve ne cède la place aux crispations.