Le Journal de Quebec

Grandir avec deux mamans

La fête des Mères se fait en double pour de plus en plus de couples québécois

- PIERRE-PAUL BIRON

Le petit Félix Fortin est encore trop jeune pour les bricolages de la fête des Mères, mais le jour où il devra les faire en double viendra bien vite. Un pour chacune de ses mamans, comme de plus en plus d’enfants québécois.

Même si cette réalité est plus familière au Québec où les couples homoparent­aux sont reconnus depuis 2002, Joanie Fortin-courcy et Véronique Ouellet estiment qu’on devra toujours en parler davantage. «Je viens de la Côte-nord, donc pour moi c’était plus fermé, comme plusieurs petits milieux, raconte Véronique. C’était beaucoup de jugements.»

Étant passée par-dessus certains préjugés en s’installant au Saguenay et en rencontran­t sa conjointe, la jeune femme n’a jamais hésité. «C’était sûr et certain qu’on voulait des enfants. Ton orientatio­n sexuelle ne devrait jamais te brimer dans cette volonté d’en avoir», fait remarquer Mme Ouellet.

Pour la chercheuse en travail social, Isabel Côté, cette notion d’égalité est importante. «Les plus jeunes ont grandi avec cette égalité juridique qui fait en sorte que l’orientatio­n sexuelle n’est plus un frein à avoir des enfants comme ce l’était avant», explique la professeur­e de l’université du Québec en Outaouais.

PROCESSUS NORMAL

Le couple s’est donc lancé dans le processus de procréatio­n assisté, qui est en tout point identique à celui pour les couples hétérosexu­els. «Il n’y a aucun jugement sur le fait qu’on est deux filles. C’est complèteme­nt normal et ordinaire pour eux», explique Joanie.

Après les tests médicaux et psychologi­ques, l’inséminati­on et une grossesse parfaite, Véronique Ouellet a donné naissance à Félix le 1er mars 2015. La nouvelle a changé la vie du couple comme n’importe quelle naissance, mais elle a aussi eu une influence sur la perception de certains.

«Ça a apaisé les choses. On est considérée­s un peu plus comme dans la “nor- malité” parce qu’on a eu un enfant. Ça a banalisé le fait qu’on était un couple de filles pour certains. On est plutôt devenu une famille», affirme Véronique.

JAMAIS PAR ACCIDENT

Les familles homoparent­ales présentent aussi un contexte favorable à l’arrivée d’un enfant, alors que la notion de grossesse surprise n’existe pas.

«Ce sont des projets parentaux qui sont toujours réfléchis. Les enfants aboutissen­t dans ces familles-là au terme d’une réflexion complète et aboutie sur le couple et le désir d’avoir des enfants, et habituelle­ment ce sont des familles, peu importe l’orientatio­n, qui s’en sortent mieux», fait observer Mme Côté.

Et les deux mamans de Félix s’en sortent tellement bien qu’elles réfléchiss­ent déjà à revivre cette aventure.

«C’est sûr qu’on va le refaire», lancent sans hésitation Véronique et Joanie, qui célébreron­t toutefois quelques fêtes des Mères de plus avant leur deuxième enfant.

 ??  ?? Véronique Ouellet et Joanie Fortin-courcy ne s’inquiètent pas trop pour les présences masculines dans la vie de Félix. « On sait qu’il va en avoir autour de lui. Il y a des oncles et des grands-pères en masse. »
Véronique Ouellet et Joanie Fortin-courcy ne s’inquiètent pas trop pour les présences masculines dans la vie de Félix. « On sait qu’il va en avoir autour de lui. Il y a des oncles et des grands-pères en masse. »

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