Le Journal de Quebec

Rien n’interdit d’acheter chez nos voisins

Un jugement rendu au Nouveau-brunswick pourrait changer la donne

- Pierre Couture l Pierrepcou­ture pierre.couture@quebecorme­dia.com 418.683.1573 2343

Le verdict rendu récemment par une cour du Nouveau-brunswick sur le commerce de l’alcool entre les provinces pourrait s’avérer une grande victoire pour les consommate­urs de vin et de bière du Québec, estiment des experts.

«Disons que ça ouvre la porte aux achats d’alcool partout au pays sans barrières tarifaires. C’est un jugement très important pour les Québécois, limités actuelleme­nt par le monopole de la SAQ», soutient le professeur d’économie à l’université du Québec à Trois-rivières Frédéric Laurin.

Dans son jugement étoffé de 86 pages, le juge Ronald Leblanc, de la Cour provincial­e de Campbellto­n, soutient qu’«une province canadienne n’a pas le droit d’interdire d’acheter, de rapporter ou de faire venir un bien acheté dans une autre province» en s’appuyant sur l’article121 de la Constituti­on canadienne de 1867.

Selon le juge Leblanc, la loi constituti­onnelle de 1867 aurait préséance sur toutes les lois et tous les règlements adoptés depuis par les provinces canadienne­s.

ANTICONSTI­TUTIONNELS

En se fiant à ce jugement, les lois et les règlements du Québec en matière d’achat et de transport d’alcool entre provinces seraient anticonsti­tutionnels.

«C’est une ouverture majeure pour les consommate­urs de vin. Ce qui pourrait remettre en question tout le modèle d’affaires de la SAQ, notamment», croit le chroniqueu­r en vin et éditeur du site Vinquébec.com Marc-andré Gagnon.

Les vignobles québécois, qui pourront bientôt vendre leurs vins sans passer par la SAQ, accueillen­t également avec satisfacti­on ce jugement.

«Ce sont d’importants débouchés qui s’ouvrent avec un tel jugement. Pour nous, c’est très positif. Notre marketing sera fait différemme­nt», souligne le propriétai­re du vignoble Domaine Les Brome, en Estrie, Léon Courville.

LES GROS JOUEURS

Le jugement ouvre aussi la porte aux détaillant­s qui seraient tentés de commander directemen­t à des vignobles canadiens en ne passant plus par la SAQ.

Ce qui permettrai­t, par exemple, au dépanneur géant Couche-tard ou à l’épicier Metro de commander directemen­t des bouteilles de vin à des producteur­s de l’ontario ou de la ColombieBr­itannique sans barrières tarifaires imposées par la SAQ.

Fait étonnant, même le ministre fédéral de l’économie, Navdeep Bains, a salué la décision des tribunaux du Nouveau-brunswick de déclarer inconstitu­tionnelle la loi limitant l’importatio­n d’alcool entre les provinces.

Ottawa a dit vouloir travailler avec les provinces afin d’en arriver à la fin des barrières tarifaires provincial­es.

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Albert Soucy (sur la photo), citoyen de Campbellto­n, est toujours venu au Québec pour y acheter sa bière «parce que c’est deux fois moins cher».
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