Le Journal de Quebec

De plus en plus difficile de vivre de la pêche

Les équipement­s coûtent 600 fois plus cher qu’il y a 90 ans

- KARYNE BOUDREAU Collaborat­ion spéciale

RIVIÈRE-AU-RENARD | Une famille gaspésienn­e qui vit de la pêche depuis trois génération­s a dû pêcher jusqu’à 200 fois plus de produits de la mer pour continuer d’en vivre.

La famille Cotton pratique la pêche commercial­e depuis près de 90 ans. Avec des équipement­s de plus en plus sophistiqu­és et dispendieu­x, les quantités de prises nécessaire­s à la survie du pêcheur n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient.

Le grand-père, Gustave Cotton, a détenu le record gaspésien du plus grand nombre de morues pêchées à la ligne par un seul homme dans une journée avec 400 livres de morue par jour.

Son petit-fils Dave Cotton, qui amorce sa 35e saison de pêche à la crevette et qui a vécu sa toute première à l’âge de 10 ans, rapporte que son père Pierre- Marie pouvait quant à lui en ramener 70 000 livres dans une bonne journée dans les années 1970. «C’est presque 200 fois plus!» s’exclame-t-il.

Cette industrial­isation de la pêche a mené à la baisse de la ressource et au moratoire sur la pêche à la morue en 1993.

Le grand-père a toujours pêché la morue dans un «flat» (petit bateau à fond plat d’une trentaine de pieds), à l’aide d’une simple ligne. «Quand grand-papa est mort, il avait les doigts tout en corne, à force de tenir la ligne entre ses doigts, dit Dave Cotton. C’était à la rame, pas de moteur, pas de cabine, au grand vent et juste à l’huile de bras.»

PLUS RISQUÉ

«Je pourrais acquérir tout l’équipement de mon grand-père pour moins de 5000 $ en argent d’aujourd’hui. Mon bateau et mon équipement valent maintenant 3 millions $. Ce n’est plus la même game pantoute», dit le capitaine et propriétai­re de L’intrépide III, Dave Cotton.

Au fil des ans, l’industrial­isation de la pêche a rendu celle-ci moins accessible, «plus risquée sur le plan financier», ce qui fait en sorte que les lignées familiales comme celle des Cotton sont plutôt rares.

Pour cette famille de Rivière-au-renard, en Gaspésie, la pêche, affaire de subsistanc­e au début 1900, est donc devenue une entreprise «le plus souvent viable et même rentable, malgré les aléas de la ressource et de son prix», rapporte Dave Cotton.

DE PÈRE EN FILS

Né en 1919, Gustave a pris sa première morue à 8 ans. Ayant appris la pêche artisanale avec son père qui jumelait cette activité à l’agricultur­e pour faire vivre sa famille, Gustave Cotton devint le premier pêcheur de sa lignée à vivre exclusivem­ent de la pêche.

Le père de Dave, Pierre-marie, a été capitaine et propriétai­re d’un morutier dans les années 1960 et 1970, puis s’est mis à pêcher la crevette juste avant que son fils ne vienne s’inscrire dans la lignée, au début des années 1980.

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Dave Cotton Pêcheur

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