Le Journal de Quebec

Comme une lettre à la poste

- jjacques.samson@quebecorme­dia.com j. jacques samson Journalist­e et chroniqueu­r

Il n’y avait pas beaucoup d’ambiguïté dans l’engagement de Justin Trudeau durant la dernière campagne électorale de rétablir la livraison du courrier à domicile par Postes Canada.

«Nous nous engageons à rétablir le courrier à domicile, les gens s’attendent à un certain service et nous allons le leur livrer», avait notamment dit Justin Trudeau, lors de sa rencontre avec Denis Coderre le 3 septembre dernier. Le maire de Montréal était alors en guerre, marteau-piqueur à la main, contre l’installati­on de boîtes communauta­ires.

Quand un gouverneme­nt veut reculer sur un engagement, il commence par créer des comités. La méthode est classique. C’est ce qu’a fait cette semaine le gouverneme­nt Trudeau.

Il joue aussi sur les mots. «Un certain service» ne signifie plus la livraison quotidienn­e, si jamais il y a retour en arrière, ce à quoi je ne crois pas.

LE LIT EST FAIT

Le comité présidé par Mme Françoise Bertrand a aussi reçu un mandat très large, soit d’examiner l’ensemble du fonctionne­ment de Postes Canada (!) Son rapport soumis au gouverneme­nt devra par la suite être transmis à un comité parlementa­ire. Le poisson sera alors bien noyé.

Postes Canada dessert d’ailleurs déjà 70 % des Canadiens dans des endroits centralisé­s, soit les entrées des immeubles à appartemen­ts, des boîtes postales communauta­ires ou au bureau de poste.

Il ne restait plus en 2014 que 5 millions de ménages au pays, soit moins du tiers des adresses, qui recevaient leur courrier à la porte. Postes Canada s’est donné un plan de 5 ans pour les faire passer aux boîtes communauta­ires.

Le service postal est à deux vitesses et la promesse de M. Trudeau s’adressait à une minorité.

QUELLE RÉFORME ÉLECTORALE ?

Le premier ministre a aussi cherché à jouer de finesse dans le bilan de ses six premiers mois au pouvoir sur un autre engagement de campagne: une réforme électorale.

J’entends parler depuis plus de 40 ans d’une réforme du mode de scrutin, alors que le Parti québécois, avec 30 % des votes en 1973, n’avait fait élire que 6 députés sur les 110, de cette époque. René Lévesque avait promis l’adoption d’un mode de scrutin proportion­nel, plus respectueu­x des volontés de l’électorat.

D’autres partis ont fait de même lorsqu’ils étaient mal servis par le mode

de scrutin actuel. Une fois portés au pouvoir, ils lui découvrent des vertus insoupçonn­ées et ne veulent plus le changer.

Ils créent alors des comités et l’affaire est finalement tablettée. La tradition veut que l’unanimité des grands partis soit obtenue avant un changement de cet ordre. Elle ne l’est jamais.

Un gouverneme­nt ne risque pas grand-chose en mettant au rancart une telle promesse sur un sujet qui intéresse bien peu de gens hors des milieux politiques et universita­ires.

Il est beaucoup plus grave que M. Trudeau ait transformé un déficit promis de 10 G$ en un réel de 30 G$.

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Le service postal est à deux vitesses et la promesse du premier ministre Justin Trudeau s’adressait à une minorité.

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